Dans une démarche ferme et résolue, le ministère de l’Intérieur vient de lancer une enquête approfondie et confidentielle pour mettre un coup d’arrêt aux pratiques douteuses qui gangrènent certains marchés publics au niveau local. «À la manœuvre, Mohamed Fawzi, wali et inspecteur général de l’administration territoriale, qui a ordonné l’ouverture de ce contrôle minutieux, loin des regards et des réseaux d’influence qui prospèrent dans l’ombre», indique le quotidien Assabah dans son édition du samedi-dimanche 2 et 3 août.
Cette initiative intervient alors qu’un climat de suspicion pèse sur la région de Rabat-Salé-Kénitra, secouée récemment par une vague de contestations. Un bureau d’études bien connu dans la capitale est pointé du doigt pour avoir accaparé une grande partie des marchés juteux, alimentant ainsi la colère de nombreux acteurs locaux et suscitant de vives protestations. Face à cette situation, certains présidents de conseils ont dû faire machine arrière, suspendant des projets entiers en attendant que toute la lumière soit faite sur leur attribution.
«Les révélations sont d’autant plus inquiétantes qu’elles mettent en cause des pratiques récurrentes dans plusieurs communes», affirme Assabah. Des élus issus des élections communales du 8 septembre 2021 sont soupçonnés d’avoir multiplié les marchés douteux au profit de bureaux d’études bien introduits. D’après certaines indiscrétions obtenues par le quotidien, une part des bénéfices serait même détournée au profit de notables locaux.
Pourtant, le ministère de l’Intérieur n’a eu de cesse de multiplier les réformes pour encadrer la gestion des collectivités territoriales. De nouvelles lois, des dispositifs de contrôle renforcés et des mécanismes de transparence ont été mis en place pour freiner le gaspillage des deniers publics et protéger les intérêts des citoyens. Mais ces garde-fous semblent parfois contournés par l’ingéniosité de certains élus qui rivalisent de stratagèmes pour imposer leurs arrangements.
Dernier exemple en date, lit-on encore: après avoir échoué à décrocher un contrat dans un grand conseil près de Rabat, le même bureau d’études controversé s’est tourné vers une commune périurbaine particulièrement riche. Résultat : un marché d’étude remporté sans encombre, suivi par l’attribution du chantier à une entreprise étroitement liée au même bureau. Un projet dont le budget dépasse 60 millions de dirhams, selon des sources concordantes citées par Assabah, et dont le président de commune serait proche d’un ancien ministre.
Le même réseau d’intérêts aurait également mis la main sur d’autres marchés lucratifs, notamment dans une commune rurale voisine de Sidi Kacem. Études de réseau d’eau potable, projets d’aménagement de centres urbains : autant de marchés attribués à des tarifs jugés largement supérieurs aux prix réels constatés dans des communes similaires.








