Exclusif. La nouvelle vie de Saâd Eddine El Othmani

L'ancien chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, ici à son cabinet de psychiatre, dans le centre-ville de Rabat, a accordé une interview exclusive à notre média.  . Brahim Mousaaid / Le360 (capture image vidéo)

Le 07/04/2022 à 14h37

VidéoL’ancien chef du gouvernement Saâd Eddine El Othmani sort enfin de son long mutisme, observé depuis la cinglante défaite électorale de son parti. Dans cette interview avec Le360, il revient sur sa nouvelle vie de psychiatre, son bilan au gouvernement et bien d’autres sujets d’actualité, Maroc-Espagne en premier.

Son passage à la tête du gouvernement aura été marqué du sceau de la discrétion. Depuis, c’est le secret absolu qui entoure la vie de l’ancien chef du gouvernement Saâd Eddine El Othmani. De ce passé, pas si lointain, il ne garde cependant aucune amertume, malgré la dure correction du dernier échec aux législatives. «Je suis parti du gouvernement avec le sentiment du devoir accompli. J’ai quitté la présidence du gouvernement la tête haute», affirme l’ex-numéro un du PJD, expliquant que «tout chef de gouvernement s’attend à ce que sa mission s’achève un jour. C’est la règle du jeu, de la démocratie».

Saâd Eddine El Othmani garde un bilan positif de son mandat. «La conjoncture était difficile et nous avons traversé des évènements pénibles, dûs à la pandémie du Covid-19. Mais le pays s’en est relativement bien sorti. Nous n’avons pas réussi partout, mais je rappelle que le monde entier a dit son admiration du Maroc et sa capacité à gérer une période qui a entraîné nombre de victimes et de situations économiques et sociales complexes».

Interrogé sur son retour à la psychiatrie depuis son départ de la chose publique, Saâd Eddine El Othmani a raconté que la première chose qu’il a entreprise a consisté à écrire à l’Ordre national des médecins, sollicitant une nouvelle autorisation d’exercer à Rabat. «Deux semaines après, j’ai rouvert mon cabinet». Et comme pour signifier que ce ne sont pas les patients qui manquent, il ne manque pas d’indiquer que «les citoyens ont de plus en plus recours aux psychiatres en raison des effets désastreux de la pandémie».

Frères-ennemis«La Covid-19 a eu un effet sur la santé mentale des gens. Non seulement au Maroc mais partout dans le monde. La vie reprend cependant son cours normal et nous sommes là pour aider. Il suffit de nous appeler et prendre rendez-vous», nous invite-t-il, non sans humour.

A propos du PJD, l’ancien chef de ce parti ayant une lampe à pétrole pour emblème assure qu’il maintient toujours des liens étroits avec sa formation politique. «Je suis toujours militant et membre du conseil national», précise-t-il.

Saâd Eddine El Othmani assure également avoir des contacts «réguliers» avec l’actuel secrétaire général du PJD, Abdelillah Benkirane. En dépit de la défaite électorale du 8 septembre 2021, le parti conserve encore toutes ses capacités et va sans doute reprendre du poil de la bête, dit-il. «Nos militants restent toujours mobilisés au service de la nation», a-t-il assuré.

Evoquant le réchauffement des relations entre Madrid et Rabat après le soutien apporté par l’Espagne au projet d’autonomie des provinces sahariennes marocaines, l’ancien chef du gouvernement estime que les deux pays «ont réussi à surmonter une difficile épreuve». «Le Maroc a toujours veillé à construire des relations saines avec notre voisin l’Espagne. Sans confiance, on ne peut concevoir de relations qui durent». Fin psychologue, il indique que «la confiance consiste aussi à reconnaître les valeurs et les intérêts de l’autre», en sachant que «l’intégrité territoriale du Maroc est une ligne rouge qu’il faut respecter». On peut dire que c’est fait.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Brahim Moussaaid
Le 07/04/2022 à 14h37