Feu Abderrahim Lahjouji, ancien patron des patrons, décédé le 1er janvier 2021, et fondateur, en 2001, de «Forces citoyennes», un parti qu’il voulait libéral et de poids, doit aujourd’hui se retourner dans sa tombe. Non seulement son successeur à la tête de Forces citoyennes n’a pas réussi à donner au parti l’assise qu’il espérait au sein de l’échiquier politique marocain, mais il lui a tout simplement donné ce qui pourrait s’apparenter à un coup de grâce.
Dans son édition du mercredi 16 janvier, le quotidien Assabah rapporte que l’actuel chef de Forces citoyennes a été condamné, lundi dernier, par la Chambre pénale du tribunal de première instance de Kenitra à deux ans de prison ferme. Les faits reprochés à ce politicien sont graves. Au lieu de travailler à attirer des militants et sympathisants pour son parti, il faisait la chasse aux candidats à l’immigration en vue de les escroquer à travers de fausses promesses de contrats de travail légaux à l’étranger, moyennant d’importantes sommes d’argent dont il exigeait le paiement au préalable. Ce «leader» politique serait également accusé d’avoir émis un gros chèque sans provision.
Assabah explique que le prévenu avait fui la ville de Kenitra, où il est conseiller communal, dès qu’il a appris qu’une dizaine de plaintes ont été déposées à son encontre par des victimes lui ayant versé de l’argent sans jamais avoir les contrats promis. De même, il n’a plus assisté aux réunions du Conseil communal suite à l’éclatement de cette affaire.
C’est en novembre dernier qu’il est tombé dans les filets de la police judiciaire de Marrakech qui l’a identifié et arrêté en exécution d’un avis de recherche national, avant de le remettre à la PJ de Kenitra, émettrice de l’avis de recherche. Il a été ainsi confronté à ses victimes pour les besoins de l’enquête.
Ses nombreuses communications et promesses sur WhatsApp, bien conservées par ses victimes, ont fini par le confondre malgré ses tentatives de nier en bloc les accusations. Des perquisitions dans un bureau lui appartenant ont permis de saisir des documents fournis par les plaignants. Toutes ces pièces à conviction ont amené le juge à ordonner son dépôt en prison, en novembre, en attendant son procès.
Assabah ne manque pas de relever une coïncidence entre le 15 janvier 2022, date de l’élection de ce prévenu à la tête de FC, et le 15 janvier 2024, date de sa condamnation. Ajoutons aussi qu’il va passer 24 mois en prison, après avoir passé 24 mois à la tête de Forces citoyennes.