Elliott Abrams: pourquoi la résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara est un sacre pour le Maroc et une défaite pour l’Algérie

Elliott Abrams, ex-conseiller à la Maison-Blanche et fin connaisseur du dossier du Sahara.

Dans une analyse publiée le 2 novembre sur le think tank américain Council on Foreign Relations (CFR), Elliott Abrams, ex-conseiller à la Maison-Blanche et fin connaisseur du dossier du Sahara, revient sur la résolution 2797 du Conseil de sécurité de l’ONU. Pour lui, cette décision consacre la vision marocaine et confirme l’isolement du Polisario et de son parrain algérien. Verbatim.

Le 05/11/2025 à 20h00

Vendredi dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 2797 qui consacre «l’autonomie sous souveraineté marocaine» comme la solution la plus réalisable et qui incite l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU à mener des négociations sur la base du plan d’autonomie. Pour Elliott Abrams, ex-conseiller à la Maison-Blanche, il s’agit d’un aboutissement logique, résultat d’un engagement constant de Rabat et d’une ligne claire soutenue par Washington.

Dans une analyse publiée sur le think tank américain Council on Foreign Relations (CFR), Elliott Abrams écrit que le Polisario, à ses débuts, bénéficiait de soutiens dans les milieux d’extrême gauche et de certaines célébrités internationales, mais que ce soutien s’est évaporé avec le temps. Il le décrit comme un mouvement resté bloqué dans les schémas de la guerre froide, avec des armes.

L’expérience d’un diplomate américain au cœur du dossier

Elliott Abrams raconte sa propre implication. Il écrit qu’il s’est intéressé à la question en 2002, lorsqu’il devient directeur pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord au Conseil de sécurité nationale de l’administration de George W. Bush. À cette époque, l’envoyé spécial de l’ONU, James Baker, proposait deux plans. Le premier envisageait une autonomie sous souveraineté marocaine, rejetée par le Polisario. Le second, un référendum après une autonomie de cinq ans, fut refusé par le Maroc.

«Nous avons compris à Washington que le Roi, le gouvernement et le peuple marocains ne pouvaient accepter un risque de perte de souveraineté sur le Sahara», explique Elliott Abrams.

Pour Elliott Abrams, la proposition du Royaume a fini par convaincre le monde. Il écrit qu’il est désormais clair que la seule issue viable est l’autonomie sous souveraineté marocaine, et non la création d’un «État» vassal dominé par un mouvement non démocratique soutenu par Alger.

«Nous avons exhorté le Maroc à mettre plus de chair sur les os de cette idée et à mettre en avant un plan réel, ce qu’ils ont fait en 2007. Nous avons soutenu ce plan, tout comme l’administration Obama après nous et toutes les administrations depuis. Lentement mais sûrement, il est devenu clair pour les pays du monde entier que c’est la bonne solution: l’autonomie sous la souveraineté marocaine, et non la création d’un nouvel État défaillant sous le régime non démocratique du Polisario soutenu par l’Algérie», écrit-il.

La résolution 2797 reprend cette orientation. Le texte évoque une autonomie comme issue la plus réalisable et appelle les parties à reprendre les discussions sans conditions préalables. Le représentant français à l’ONU déclare que «l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel la question doit être réglée». Même la presse internationale reconnaît la portée de ce vote. Le Monde titre: «Sahara occidental, le Maroc obtient une victoire diplomatique à l’ONU».

Elliott Abrams estime que ce résultat est le fruit d’un effort continu. Il écrit que ce vote est le produit de la diplomatie marocaine, du travail accompli sur le terrain au Sahara et d’une politique américaine cohérente et bipartisane.

L’Algérie, prisonnière de sa propre hostilité

Elliott Abrams note que le conflit persiste à cause de l’attitude d’Alger. Il écrit que pour l’Algérie, la question du Sahara n’est qu’un instrument dans une politique de confrontation contre le Maroc. Il rappelle la rupture des relations diplomatiques décidée en 2021 et cite les propos du président Abdelmadjid Tebboune en 2023 déclarant que les deux pays ont «pratiquement atteint le point de non-retour». Le diplomate lie aussi cette hostilité à la reprise des relations entre le Maroc et Israël. Selon lui, l’un des griefs d’Alger envers Rabat est précisément cette ouverture.

Elliott Abrams souligne qu’en refusant de participer au vote de la résolution, l’Algérie s’est marginalisée elle-même, incapable d’assumer son double discours sur la question.

Le diplomate écrit que cette victoire du Maroc repose sur la constance et la crédibilité. Rabat a choisi l’action et non la posture, la construction plutôt que la surenchère. Pendant que le Polisario reste enfermé dans la rhétorique du passé, le Maroc développe ses provinces du Sud et y ancre la stabilité.

Il considère que la diplomatie marocaine, appuyée par un consensus national et un travail concret sur le terrain, a su inverser le rapport de force. Les consulats ouverts à Laâyoune et Dakhla en sont la preuve.

Elliott Abrams conclut en soulignant que si l’Algérie cessait d’utiliser la question du Sahara comme une arme contre le Maroc et encourageait le Polisario à négocier de bonne foi, une solution bénéfique à tous pourrait être trouvée. Il rappelle que l’autonomie sous souveraineté marocaine était la bonne réponse lorsqu’elle fut proposée il y a un quart de siècle et qu’elle le demeure aujourd’hui.

Par Hajar Kharroubi
Le 05/11/2025 à 20h00