El Othmani au Sommet G5-Sahel: «la victoire durable contre le terrorisme sera sur le terrain du développement humain»

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Le chef du gouvernement a conduit la délégation représentant le roi Mohammed VI au septième sommet des chefs d’Etat des pays membres du G5-Sahel. Les grandes lignes de son intervention.

Le 15/02/2021 à 20h07

La victoire durable contre le terrorisme sera sur le terrain du développement humain et la lutte contre ce fléau se poursuivra sur les fronts politique, économique, social, intellectuel et humain, a indiqué, lundi 15 février à Ndjamena, le chef du gouvernement, Saad Dine El Otmani, qui conduit une délégation représentant SM le Roi Mohammed VI au 7e sommet des chefs d’Etat des pays membres du G5-Sahel. SM le Roi Mohammed VI tient, en effet, à ce que l’action solidaire du Maroc se prolonge au-delà de l’urgence. "Ce sont cette expérience et cette expertise que le Royaume se propose de partager avec ses pays frères du Sahel, par des actions concrètes", a-t-il dit.

"Nous ne sommes pas et nous n'avons jamais été spectateurs de ce qui se passe au Sahel", a dit El Otmani à l'ouverture des travaux de ce sommet qui se tient dans la capitale tchadienne. "Comme vous, nous ne nous le permettons pas. Nous sommes solidaires de nos amis, les pays de la région, pour contrer cette menace qui nous touche directement", a affirmé El Otmani.

Selon El Otmani, ce sommet intervient sept ans, jour pour jour, après la création du G5-Sahel qui n’a cessé de démontrer sa pertinence et a permis notamment d’incarner l’appropriation-même, en faisant des défis de chacun les défis de tous.

Pour autant, "nous nous réunissons encore pour redire toute notre détermination à vaincre l’ennemi qui, regardons la réalité en face, n’est pas encore hors d’état de nuire", a souligné El Otmani, faisant observer que bien que 2020 ait connu moins d’attaques que 2019, elle a aussi connu quelques-unes des pires attaques jamais enregistrées.

Dans certains pays, le nombre des victimes a été multiplié par 5, alors que plus de 3,5 millions de personnes sont aujourd’hui réfugiés et déplacés internes. Et l’"Etat islamique", moribond ailleurs, continue de sévir au Sahel, où 41% des attaques entre 2019 et 2020 lui sont imputables, a ajouté M. El Otmani. Il a souligné qu’au moment où le G5 réussit à étrangler la franchise terroriste dans son espace d’intervention, ces groupes armés cherchent à s’implanter dans des zones jusque-là épargnées et avancent jusqu’au Golfe de Guinée.

Pour le chef du gouvernement, la frontière entre terrorisme, séparatisme et criminalités transnationales organisées se fait encore plus ténue, les interconnexions sont lucratives, et donc grandissantes et le butin se chiffre en centaines de millions de dollars.

Selon El Otmani, le Maroc continuera à apporter son soutien à la mise en place du collège de Défense du G5-Sahel à Nouakchott, et à former les officiers originaires des pays frères du Sahel dans ses instituts de formation militaire.

La lutte contre le terrorisme est également un combat sur le terrain des idées. Sa Majesté le Roi, Amir Al Mouminine, veille à ce que le Maroc continue à former des imams issus de la région au sein de l’Institut Mohammed VI de formation des imams, mourchidines et mourchidates. 937 inscrits des pays de la CEDEAO ont pris part aux cycles de formation au titre de l’année 2018-2019. Plusieurs centaines exercent déjà dans leurs pays d’origine, contribuant ainsi à contrer l’extrémisme religieux, a relevé M. El Otmani.

"Par ailleurs, nous ne pouvons aujourd’hui tendre vers des réponses efficaces et multidimensionnelles au Sahel, sans prendre en charge la question de la désertification et du changement climatique. Plus de 12 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, et l’impact sur l’agriculture est évalué à plus de 2 milliards de dollars par an d'ici 2030", a indiqué le chef du gouvernement, soulignant que le Maroc renforcera son engagement dans la commission Climat pour la région du Sahel, créée à l’occasion du Sommet africain pour l’action climat, tenue sous la présidence effective de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en 2016.

"Ces défis multidimensionnels nous font mesurer l’importance non seulement de garantir un financement pérenne au G5-Sahel, mais aussi de l’augmenter. Les promesses faites lors de la Conférence de coordination des partenaires et des donateurs pour le G5-Sahel, tenue en décembre 2018, à Nouakchott, doivent être tenues", a dit le chef du gouvernement, notant qu'un effort financier supplémentaire de la communauté internationale est nécessaire, d’autant plus que la pandémie du Covid-19 a gravement affecté les économies de tous les pays du G5-Sahel, avec une contraction de leurs PIB de l’ordre de 8 à 10%.

Le 15/02/2021 à 20h07