Saâd-Eddine El Othmani sort de ses gonds et s’en prend clairement à des leaders de son parti, dont des ministres, lors d’une réunion du secrétariat général du PJD tenue lundi dernier. La raison de cette colère: l’impasse dans lequel se trouve le dossier du projet de loi-cadre sur l’éducation qui, selon le chef du gouvernement, a fortement porté atteinte au parti qui dirige le gouvernement.
C’est en tout cas ce que rapporte Assabah dans son numéro du mercredi 10 avril, expliquant que le chef du gouvernement n’apprécie pas que son prédécesseur au sein de l’Exécutif et au sein du secrétariat général du PJD, Abdelilah Benkirane, qui parasite ce dossier en se comportant comme s’il tenait encore les rênes du gouvernement et du parti.
Saâd-Eddine El Othmani
est allé encore plus loin devant les leaders de son parti, les sommant de dire à Abdelilah Benkirane qu’il «ne démissionnerait jamais du gouvernement et que, le roi l’ayant nommé, seul lui peut le démettre de ses fonctions». Ce message fait, vraisemblablement, allusion à une récente sortie de Benkirane qui appelait à la démission du gouvernement.
Se référant à ses sources, le journal précise que plusieurs membres du secrétariat général du PJD n’approuvent pas vraiment la manière avec laquelle l’ancien patron du parti s’adresse à Saâd-Eddine El Othmani, surtout qu’il accuse d’être la cause de tous les blocages que connaissent les réformes structurelles en cours et d’être un chef de gouvernement doté d'une faible personnalité. Ces membres pensent même que le seul objectif de ces sorties d’Abdelilah Benkirane est de faire tomber l’actuel gouvernement et prendre la place de Saâd-Eddine El Othmani, si le PJD a de nouveau l’occasion de diriger le gouvernement.
Sur un autre registre, des leaders du PJD ont tenté, à travers cette réunion du secrétariat général du parti, de rassurer leurs homologues de la majorité, précisant que la position d’Abdelilah Benkirane au sujet de l’enseignement des matières scientifiques en langues étrangères était incompréhensible, dans le sens où les études les plus importantes au monde sont produites dans ces langues et tout scientifique qui ne les maîtrise pas se trouve logiquement pénalisé. Cela suffira-t-il à débloquer le projet de loi-cadre de l’éducation? Rien n’est moins sûr.