Discrimination positive: les femmes parlementaires n’en veulent plus

Khadija Zoumi.

Khadija Zoumi.

Revue de presse Lors d’une réunion tendue avec le ministre de l’Intérieur, des élues de la majorité ont critiqué leurs propres formations politiques, accusées de freiner l’accès des femmes aux circonscriptions locales et d’ignorer la revendication d’un tiers de sièges féminins aux législatives de 2026. Elles appellent à une volonté politique réelle pour dépasser la simple discrimination positive et avancer vers la parité. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 21/11/2025 à 21h30

La question de la représentation féminine au Parlement marocain a provoqué une vive fronde au sein même de la majorité gouvernementale. Plusieurs députées ont interpellé leurs chefs de partis devant le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, pour dénoncer l’absence de soutien réel à leur revendication: garantir un tiers des sièges aux femmes lors des élections législatives de 2026, soit 132 sièges contre les 90 prévus actuellement via les listes régionales.

La scène s’est déroulée au sein de la Commission de l’Intérieur à la Chambre des représentants, indique le quotidien Assabah dans son édition du weekend des 22 et 23 novembre. Face au ministre, les élues ont plaidé pour un réajustement ambitieux des mécanismes électoraux afin de permettre une avancée vers la parité. Mais leur requête est restée lettre morte, provoquant un sentiment de frustration palpable.

Pour Khadija Zoumi, députée istiqlalienne, l’architecture actuelle de la loi électorale ne peut être appliquée telle quelle. Elle estime qu’un retour en arrière par rapport aux engagements constitutionnels et à l’esprit des orientations royales est inenvisageable, rapporte Assabah. Conscientes que la parité totale reste difficile à atteindre dans le contexte présent, les élues considèrent toutefois le seuil du tiers comme une étape stratégique et réaliste vers un équilibre durable entre les femmes et les hommes au sein des institutions.

Zoumi reproche notamment aux partis de se réfugier derrière les listes régionales au lieu d’investir des femmes dans les circonscriptions locales. Pour elle, la femme marocaine n’accepte plus d’être réduite à un mécanisme de discrimination positive: elle veut concourir directement dans l’arène politique locale au même titre que les hommes. La députée dénonce par ailleurs la contradiction des formations politiques, qui proclament leur soutien à l’égalité tout en écartant les femmes lors de l’élaboration des listes, au profit de candidats jugés plus influents ou mieux implantés. «Il est inconcevable que les congrès et les meetings soient remplis de femmes pour finalement prétendre qu’aucune candidate n’est disponible», s’est-elle indignée.

Cette critique a été partagée par Qoloub Faitah, du Parti authenticité et modernité. Selon elle, les femmes réclament désormais l’ouverture de véritables espaces de compétition électorale. Mais cette évolution nécessite une volonté politique claire, allant jusqu’à placer des femmes en tête des listes locales, lit-on encore dans Assabah. L’élue rappelle que les compétences féminines ne sont plus à démontrer et souligne que le roi Mohammed VI avait, à l’occasion du 60ème anniversaire du Parlement, appelé à renforcer la participation des femmes et des jeunes tout en moralisant le jeu politique.

Faitah estime également que sans les mécanismes instaurés par le ministère de l’Intérieur, la représentation féminine enregistrée aujourd’hui serait bien moindre, plaçant le Maroc dans une situation embarrassante face à ses engagements internationaux.

Le même constat est dressé par Zineb Simou, députée du RNI, qui insiste sur l’importance d’atteindre le seuil du tiers, écrit Assabah. Pour elle, les femmes engagées sur le terrain doivent pouvoir voir leurs efforts reconnus dans les circonscriptions où elles militent. Elle critique l’article 5 de la loi électorale qui exclut les députées ayant effectué un mandat via les listes régionales, les empêchant de se présenter une seconde fois malgré l’expérience qu’elles ont acquise. Une disposition qu’elle juge contre-productive et qui prive le Parlement de compétences déjà formées.

Par La Rédaction
Le 21/11/2025 à 21h30