Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a affirmé que le développement du transport par taxis au Maroc constituait désormais une question centrale et prioritaire de l’action publique. Intervenant lors de la séance hebdomadaire des questions orales à la Chambre des représentants, il a souligné que la réforme attendue du secteur ne saurait être superficielle ou conjoncturelle, mais devait reposer sur des solutions réelles et profondes, capables de répondre à deux exigences fondamentales, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du mercredi 24 décembre. Il s’agit d’offrir un service de transport urbain à la hauteur des attentes des citoyens, tout en préservant les droits des professionnels du secteur afin qu’ils puissent s’adapter aux nouvelles mutations sans qu’aucune partie ne soit lésée.
Dans un discours marqué par la franchise, le ministre a reconnu que le secteur des taxis souffrait de dysfonctionnements multiples qui affectent à la fois les usagers et les chauffeurs. Toutefois, il a tenu à lever toute ambiguïté en affirmant que le développement de modes de transport alternatifs ne se fera pas au détriment des chauffeurs de taxis. Bien au contraire, cette évolution doit être perçue comme une opportunité pour réorganiser le secteur, améliorer la qualité des prestations et renforcer la confiance des usagers dans ce service public essentiel.
Abdelouafi Laftit a également souligné les mutations profondes que connaîtra le transport urbain dans les prochaines années, sous l’effet de la modernisation des réseaux de bus et de la généralisation des applications numériques de transport. Cette réalité impose, selon lui, l’intégration des taxis dans cette dynamique de transformation afin d’éviter leur marginalisation et de garantir leur pérennité. Sur le plan des chiffres, le ministre a indiqué que le parc national des taxis comptait environ 77.200 véhicules, dont 44.650 taxis de première catégorie, dits grands taxis, et près de 32.550 taxis de deuxième catégorie, les petits taxis, indique Al Ahdath Al Maghribia. Le secteur emploie environ 180.000 chauffeurs, ce qui en fait un domaine à fort impact social et économique. Il a rappelé que la feuille de route élaborée par le ministère prévoyait notamment la modernisation de la flotte à travers le programme de soutien au renouvellement des taxis, qui, après plusieurs prolongations, a permis de renouveler près de 80% du parc et de réduire l’âge moyen des véhicules de 25 ans à 8 ans. Ce programme a toutefois été suspendu de manière provisoire, dans l’attente d’une vision plus claire sur les perspectives futures du secteur.
Le ministre a insisté sur le fait que l’amélioration de la qualité du service restait au cœur des priorités, notamment à travers le renforcement des actions de sensibilisation et de contrôle pour imposer le respect des normes professionnelles, des tarifs réglementés et de l’éthique du métier. À ce titre, près de 5.000 infractions ont été enregistrées au cours de l’année 2025, ayant entraîné le retrait temporaire ou définitif de plus de 1.500 licences de confiance.
Malgré ces avancées, Abdelouafi Laftit n’a pas occulté les difficultés persistantes, reconnaissant que de nombreux usagers demeurent insatisfaits de la qualité des services, que le déséquilibre entre l’offre et la demande persiste dans plusieurs régions et que le cadre juridique actuel reste limité et inadapté pour garantir la stabilité du secteur et préserver les emplois. Le ministre a précisé que l’étude stratégique menée par son département reposait sur des visites de terrain dans un grand nombre de provinces et de régions afin d’identifier les spécificités locales et les différences entre les problématiques d’un territoire à l’autre, a-t-on pu lire dans Al Ahdath Al Maghribia.
Il a insisté sur le fait que les données du terrain constituaient la base de toute réforme crédible et que l’approche ne saurait être uniforme ou mécanique.
Dans le même esprit de clarté, il a annoncé que le ministère s’attelait à l’élaboration d’un nouveau cadre juridique global, équilibré et équitable, prenant en compte la diversité des défis auxquels le secteur est confronté, la multiplicité des intervenants, les conflits existants et la fragilité du modèle actuel d’exploitation des licences. Ce futur cadre devra également intégrer l’utilisation des applications mobiles, des systèmes de médiation et de géolocalisation pour la mise en relation avec les clients.







