Un dialogue «direct et franc» avec l’Algérie
Face à ce discours percutant, la réaction de l’Algérie ne manquera pas de tomber, mais en attendant, c’est clairement une main tendue vers le voisin de l’est que le roi Mohammed VI vient de donner, ce mardi 6 novembre 2018, dans son discours marquant le 43e anniversaire de la Marche Verte.
«Je déclare aujourd’hui la disposition du Maroc au dialogue direct et franc avec l’Algérie sœur», a souligné le souverain.
Pour cela, le roi Mohammed VI propose un mécanisme politique et insiste sur le fait que son niveau de représentation, son format et sa nature sont à convenir d’un commun accord avec l’Algérie. En vertu de son mandat, ce mécanisme «devra s’engager à examiner toutes les questions bilatérales, avec franchise, objectivité, sincérité et bonne foi, sans conditions ni exceptions, selon un agenda ouvert», précise le souverain.
Le roi Mohammed VI en appelle à l’histoire commune entre les deux pays. Pour lui, l’état actuel des relations entre le Maroc et l’Algérie «contraste avec l’ambition de concrétiser l’idéal unitaire maghrébin, qui animait la génération de la Libération et de l’Indépendance, ambition qui s’est incarnée en 1958 par la Conférence de Tanger, dont nous célébrons le soixantième anniversaire». Et le souverain de rappeler que l’appui apporté par le Royaume à la Révolution algérienne avait contribué à renforcer les relations entre le Trône marocain et la Résistance algérienne et avait également été un «élément fondateur de la conscience et de l’action politique maghrébine commune».
Le roi en appelle également au présent. «De longues années durant et jusqu’au rétablissement de l’indépendance, côte à côte, nous nous sommes dressés contre le colonisateur dans un combat commun; et nous nous connaissons bien. Par ailleurs, nombreuses sont les familles marocaines et algériennes qui partagent des liens de sang et de parenté», a affirmé le souverain. L’intérêt des deux peuples est dans «leur unité, leur complémentarité, leur intégration; et nul besoin qu’une tierce partie joue, entre nous, les intercesseurs ou les médiateurs», insiste le souverain, lui qui depuis son accession au Trône, n’a cessé d’appeler à l’ouverture des frontières et à la normalisation des relations entre les deux pays.
Le souverain insiste également, et surtout, sur l’avenir. Le mécanisme à créer sera un «cadre pratique d’une coopération centrée notamment sur la valorisation des opportunités de développement que recèle le Maghreb et le renforcement de la coopération sur des registres comme la lutte anti-terroriste et la problématique migratoire. Le tout, dans un total respect des institutions nationales de l’Algérie. «Nous ne ménagerons aucun effort, au Maroc, pour asseoir nos relations bilatérales sur de solides bases de confiance, de solidarité et de bon voisinage», s’est ainsi engagé le souverain.
De la question du SaharaSur la question du Sahara, le roi Mohammed VI a replacé les faits dans leur contexte originel. Pour le souverain, la Marche verte a été un tournant décisif dans la lutte, progressive et continue, pour le parachèvement de l’intégrité territoriale du royaume, une lutte qui a été marquée par plusieurs évènements successifs: le recouvrement de Tarfaya, la récupération de Sidi Ifni et la réintégration de Oued Eddahab. «Aujourd’hui, nous tendons des passerelles entre le passé et le présent en s’attachant avec une égale opiniâtreté à défendre notre intégrité territoriale», a affirmé le souverain.
Deux mots d’ordre pour mieux comprendre la position royale: clarté et ambition. Cette clarté «est illustrée par les principes et les référentiels immuables qui constituent le fondement de la position marocaine, ceux que Nous avons définis dans le Discours que Nous avons prononcé à l’occasion du quarante-deuxième anniversaire de la Marche Verte», souligne ainsi le souverain.
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«Quant à l’ambition qui nous anime en la matière, elle se trouve reflétée dans la collaboration sincère du Maroc avec Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies, ainsi que dans le soutien apporté aux efforts de son Envoyé personnel pour poser les jalons d’un processus politique sérieux et crédible», déclare le roi. Cela étant, le Maroc est fermement persuadé de la nécessité que les expériences du passé soient évitées, notamment les blocages et les insuffisances qui ont entaché le Processus de Manhasset.
En attendant, le Royaume refuse toute forme d’extorsion prenant prétexte de l’intégrité territoriale du Royaume et maintient ses efforts pour assurer le développement de ses provinces du Sud, dans le cadre du nouveau modèle de développement. En cela, la mise en œuvre opérationnelle de la régionalisation avancée contribuera, déclare le souverain, «à faire émerger une véritable élite politique, qui assure une représentation démocratique effective des habitants du Sahara et qui, dans un climat de liberté et de stabilité, les met en capacité d’exercer leur droit à une gestion autonome de leurs affaires locales et à un développement intégré de leur région».
Ce qui anime le retour du Maroc à l’Union africaineRevenant sur le retour du Maroc dans l’Union africaine, le roi Mohammed VI explique dans son discours que cette réintégration n’avait pas uniquement pour but de défendre le Sahara marocain. «Outre la volonté de marquer notre fierté d’appartenir à l’Afrique, cette démarche a été motivée par notre adhésion à la dynamique de développement à l’œuvre dans le Continent, par notre souci de relever les multiples défis auxquels ce dernier est confronté», a-t-il déclaré.
Le roi se félicite, par ailleurs, des résolutions du dernier Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine, qui s’est tenu à Nouakchott, en accord avec les positions et les principes internationaux. «Cette position constructive, empreinte de sagesse et de hauteur de vue, en finit avec les trop nombreuses manœuvres qui, au sein de l’Union Africaine, faisaient perdre à l’Afrique et à ses peuples un temps précieux, celui-là même qui aurait dû être employé à bon escient pour promouvoir le développement des pays africains et favoriser leur intégration», souligne le souverain.
Le Maroc, pour sa part, s’emploiera à développer des partenariats économiques efficients, générateurs de richesse, avec différents pays et divers groupements économiques, y compris l’Union européenne. «Néanmoins, nous n’en accepterons aucun qui pourrait porter atteinte à notre intégrité territoriale», tranche le souverain.