Depuis Marrakech, Youssef Amrani, ambassadeur du Royaume en Afrique du Sud, plaide pour un multilatéralisme renouvelé

Youssef Amrani, ambassadeur du Royaume du Maroc à Pretoria, est l’invité du think tank Policy center for the new south, pour la 11e édition de la conférence The Atlantic Dialogues, au cours de laquelle il est intervenu le 14 décembre 2022, à Marrakech.

Youssef Amrani, ambassadeur du Royaume du Maroc à Pretoria, est l’invité du think tank Policy center for the new south, pour la 11e édition de la conférence The Atlantic Dialogues, au cours de laquelle il est intervenu le 14 décembre 2022, à Marrakech. . Anas Zaidaoui / Le360 (Capture image vidéo)

Le 15/12/2022 à 13h01

VidéoPrenant part à la onzième conférence The Atlantic Dialogues, Youssef Amrani, ambassadeur du Royaume en Afrique du Sud, a insisté sur l’exigence d’un «multilatéralisme renouvelé de ses portées, reconfiguré dans ses modes opératoires et recalibré dans ses ambitions».

«Le multilatéralisme de demain sera plus global, plus inclusif et plus juste, ou ne sera pas», a indiqué hier, mercredi 14 décembre 2022 à Marrakech, Youssef Amrani, ambassadeur du Royaume en Afrique du Sud, qui intervenait au cours de la tenue de la 11e édition de la conférence The Atlantic Dialogues.

C'est donc à Marrakech que le think tank Policy Center for the New South organise du 14 au 16 décembre 2022 , la 11e conférence internationale annuelle The Atlantic Dialogues. Plus de 350 invités de 60 nationalités prennent part à cette édition, en présentiel, autour du thème de la «Coopération dans un monde en mutation: opportunités pour l’Atlantique élargi».

Hier, Youssef Amrani a répondu à une série de questions sur les perspectives du multilatéralisme, notamment dans ses dimensions transatlantiques. Le diplomate s’est voulu univoque: «le multilatéralisme à deux vitesses, deux mesures, n’a rien de multilatéral dans son essence». Il est donc important de «repenser l’interaction monde sur la base de lectures géopolitiques autrement moins focalisées sur le pouvoir et la force que sur l’interdépendance et la vulnérabilité», a-t-il expliqué. 

Pour Youssef Amrani, le monde, globalisé, ne peut et ne doit pas se permettre de retomber dans les travers du repli. Seule des solutions collectives peuvent apporter la paix et la sécurité collectives. L'ambassadeur du Royaume en Afrique du Sud a ajouté que «la façon dont nous mettons le multilatéralisme en perspective démontre d’une chose d’intrinsèquement erronée dans notre perception de la diplomatie».

Le diplomate a défendu l'idée que nous évoluons «dans un monde si profondément interconnecté, où les défis n’ont pas de frontière, les crises n’ont pas de fin et les menaces n’ont pas de limites. Le risque ne se condense plus à des espaces géographiques définies, il n’a pas de cibles et pas d’agenda».

«Le Covid était peut-être l’argument le plus éloquent pour prouver ce point. Pourtant, le processus de vaccination a là, encore contre toute raison également montré de nombreuses lacunes de solidarité et de coopération internationales», a-t-il regretté.

A une autre question qui lui a été adressée, le fait de savoir si l’Atlantique était un espace viable de coopération et de dialogue entre les Etats, l’ambassadeur a répondu par l'affirmative, et a insisté sur la forte contribution de la diplomatie marocaine pour renforcer l’intégration atlantique, tout particulièrement à l’échelle africaine. «Les pays africains ont toujours eu intérêt à développer une coopération pertinente dans l’Atlantique, mais jusqu’à très récemment nous manquions d’instruments pour agir sur cet intérêt», a-t-il indiqué.

Et le Maroc dans tout cela? Pour le diplomate en poste à Pretoria, le Royaume est un partenaire respecté, aussi bien dans ses interactions internationales, dans sa politique africaine qui est dessinée par Sa Majesté, mais aussi dans ses initiatives: «vous savez, le Maroc a été précurseur dans beaucoup de secteurs, notamment dans l'énergie. En témoigne le dernier accord portant sur l'énergie verte, signé entre le Maroc et l'Union européenne, ce que fait l’OCP, et bien sûr toutes les interconnexions énergétiques, entre autres», a-t-il expliqué.

«J'ai particulièrement insisté qu'étant donné que les défis sont globaux, il faut des réponses globales, des réponses concertées, avec une ambition que le Maroc a toujours porté sur une reconfiguration des relations internationales au niveau de l'Afrique, mais aussi au niveau de notre relation avec l'Europe qui demeure un partenaire stratégique, un partenaire important pour le Maroc», a-t-il conclu.

Le thème retenu par le think tank cette année, celui de la «Coopération dans un monde en mutation: opportunités pour l’Atlantique élargi», s’est imposé en raison de multiples crises: la pandémie, la guerre en Ukraine, les changements climatiques…

Autant de chocs qui exposent les limites du néolibéralisme comme du multilatéralisme, tout en présentant des opportunités de coopération, dans un monde devenu interdépendant. De la diplomatie du climat à la révolution énergétique, en passant par les innovations en matière d’agriculture, d’infrastructures et de gouvernance, cette édition des Atlantic Dialogues pose la question de stratégies communes possibles.

Par Hajar Kharroubi et Anas Zaidaoui
Le 15/12/2022 à 13h01