Avec la mise en œuvre effective, à compter du mois prochain, de l’AMI -Assurance maladie des indépendants-, le gouvernement Akhannouch franchit une étape cruciale dans le déploiement de l’Etat social. Ce n’est certes pas chose nouvelle, mais ce n’est pas une mince affaire. Dans tous les cas, c’est le chef du gouvernement, lui-même, qui l’a souligné lors de son passage, lundi, devant le Parlement dans le cadre des questions de politique générale. Son équipe, tout en capitalisant sur les acquis, s’est fixée comme plan d’action de renforcer l’édification de l’Etat social.
En la matière, écrit l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du 3 décembre, l’Exécutif entame ainsi un mandat fondateur par excellence. Il est clair que ce gouvernement, a notamment souligné M. Akhannouch, n’a aucunement pour vocation de gérer, et donc subir, l’existant. Il est là pour apporter des solutions, oser, innover et résoudre les problèmes. Réorienter l’action du gouvernement vers un Etat social n’est qu’un début. Tout comme l’a été, il y a près d’un quart de siècle plus tôt, la démarche du gouvernement de l’Alternance.
A l’avènement du gouvernement Youssoufi, rappelle l’hebdomadaire, le Maroc sortait à peine de la décennie du PAS (1983-1992) et des années de la «mise à niveau de l’économie». C’est à cette époque que l’Etat a décidé de négocier le virage social. C’est à cette époque que remonte la création de l’Agence de développement sociale, de l’ANAPEC, au lendemain des assises de l’emploi, et le lancement du chantier de l’AMO, Assurance maladie obligatoire, avec l’élaboration de la loi 65-00. Ce gouvernement a commencé par la mise en place d’un département ministériel chargé du développement social et de la solidarité et, plus tard, d’un secrétariat d’Etat chargé de l’économie sociale.
C’est également à cette époque que le souverain avait lancé la Fondation Mohammed V pour la solidarité. Le décollage économique sous le gouvernement Jettou (2002-2007) a été accompagné de la mise en place d’un cadre institutionnel majeur, relève l’hebdomadaire. C’est à cette époque que l’AMO a été concrétisée (la loi 65-00 est votée en 2002 et est entrée en vigueur en 2005) et que le code du travail a subi une refonte globale. Cette époque a connu, de même, le lancement d’un chantier majeur en matière d’action sociale, l’INDH, initiée en 2005. C’est vers la même année qu’a été lancé le Fonds de développement social.
L’agenda social initié par les deux gouvernements a été poursuivi sous le mandat d’Abbas El Fassi, (2007- 2011). C’est à cette période que le RAMED, le deuxième pilier de l’AMO, a été concrétisé et que le gouvernement, en plus de lancer plusieurs programmes sociaux, a osé une révision de l’IR qui a fortement profité aux petits fonctionnaires, mais également à la classe moyenne. C’est au gouvernement El Fassi qu’on doit également le Fonds de solidarité social. Cependant, ce chantier ne verra le jour qu’un peu plus tard.
Passée les deux décennies du gouvernement du PJD ou la parenthèse islamiste qui a connu, elle, une série de mesures antisociales, le nouveau gouvernement décide de prendre un nouveau virage social. Les observateurs, souligne La Vie éco, noteront au passage que la mise sur agenda d’une question sociale au Maroc a toujours été intimement liée aux transformations qu’a connues son économie politique.
C’est le cas avec le gouvernement Youssoufi et Jettou, ça l’est encore aujourd’hui avec le gouvernement Akhannouch avec l’initiation du NMD. Ce dernier s’engage d’ailleurs, conclut l’hebdomadaire, à œuvrer durant tout son mandat à consolider les piliers de l’Etat social en adoptant une méthodologie ayant pour socle la célérité dans l’interaction, l’audace dans l’exécution et le courage dans la prise de décision.