D’Al Jazeera, Nasser Bourita envoie des messages «cryptés» aux Saoudiens

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Revue de presseKiosque360. Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération était l’invité, mercredi dernier, de la chaîne qatarie Al Jazzera. Vu l’inimité acerbe de cette dernière à l’égard du royaume wahhabite, Nasser Bourita s’est montré très «diplomate» dans ses réponses aux questions-pièges.

Le 24/01/2019 à 19h19

L’émission «Bila houdoud» (sans frontières), diffusée mercredi dernier par la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera, avait pour invité le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération, Nasser Bourita. Or, vu le contexte actuel de crise entre le Qatar et l’Arabie saoudite, soutenue par les Emirats arabes unis et le Bahreïn, Bourita était attendu sur des questions sensibles comme la crise du Yémen, les relations avec l’Iran, la Syrie…

Dans son édition du vendredi 25 janvier, le quotidien Al Massae, qui revient sur les grandes lignes de cette interview, rapporte que, sur la question de la crise du Yémen, Bourita a tenté de jouer à l’équilibrisme entre la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite et le refus qatari de cette guerre «fratricide». Ainsi, le représentant de la diplomatie marocaine a justifié l’engagement du Maroc au sein de la coalition militaire arabe au Yémen par la nécessité de défendre, d’une part, la légalité au Yémen et la préservation de l’unité de ce pays et, d’autre part, l’intégrité territoriale de l’Arabie saoudite et des Emirats face aux attaques de missiles perpétrées par les Houtis, soutenus par l’Iran.

Cependant, Bourita a précisé que cet engagement militaire du Maroc aux côtés de la coalition arabe au Yémen avait été réévalué à la lumière de la situation humanitaire dramatique qui sévit dans ce pays. Ce qui explique que le Maroc a finalement cessé sa participation aux opérations militaires, en se montrant plus sensible aux vives préoccupations de l’ONU face au calvaire des populations civiles. Pour rappel, c’est essentiellement sur ce volet humanitaire au Yémen que le Qatar, à travers la chaîne Al Jazeera qui le relaie en boucle avec l’affaire Khashoggi, s’en prend à ce qu’il appelle «l’agression saoudo-émiratie au Yémen».

Soit la même accusation que profère l'Iran. Or, pour ce qui est de la rupture des relations diplomatiques du Maroc avec l’Iran, Bourita a expliqué que ce dernier pays avait non seulement violé les nombreux gentlemen's agreement convenus avec le Maroc, mais qu’il avait été pris en flagrant délit d’immixtion dans le conflit créé autour du Sahara marocain. En effet, il a été clairement prouvé aux Iraniens que leurs diplomates accrédités à Alger servaient de courroie de transmission entre certains éléments du Polisario et des agents du Hezbollah libanais qui les entraînaient militairement.

Plus direct, Bourita précisera que le Maroc n’accepterait jamais de prendre position pour une partie arabe contre une autre, mais chercherait toujours à les réconcilier, et ce en référence à la crise qui prévaut actuellement au sein du Conseil de coopération du Golfe, un ensemble régional que le ministre marocain a qualifié de «seule lumière dans l’obscurité arabe».

C’est ce qui explique aussi que le Maroc n’a jamais rompu ses relations diplomatiques avec la Syrie, même si les fonctionnaires de l’ambassade du royaume à Damas ont été redirigés vers Beyrouth, à cause de l’insécurité qui sévissait localement. Même l’Algérie, autre pays arabe qui héberge, finance et arme les séparatistes du Polisario, vient d’être appelée par le roi Mohammed VI en vue d’aplanir les différends, réels ou supposés, entre les deux pays et instaurer des relations de bon voisinage, dont dépend toute la dynamique maghrébine.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 24/01/2019 à 19h19