"Quand le débat politique fait le buzz au Parlement". Libération, dans son édition de jeudi 5 novembre, ne croit pas si bien dire, surtout lorsqu'il est question de la légalisation de la culture du kif. Selon le quotidien francophone de l'USFP, l'initiative du débat sur le cannabis, organisée mercredi, sous la Coupole dans le cadre d'une journée d'étude à l'initiative du PAM, "doit être saluée". Et le journal d'alerter : "Attention, il ne s'agit pas de débattre d'un tel sujet pour mieux l'enterrer comme se qui s'est passé avec la journée d'étude sur l'avortement organisée par les islamistes du PJD du temps où ils étaient encore à l'opposition".
Que faut-il retenir du débat organisé sur la légalisation de la culture du kif au Parlement ? Selon Akhbar Al Yaoum, le président de la Chambre des conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah, a révélé lors de son intervention qu'une "grande banque de la place -il a refusé de divulguer le nom- avait déjà réalisé une étude sur l'usage du cannabis". "Etude pour laquelle elle a dépensé un énorme budget", a-t-il précisé, avant de faire remarquer que l'enquête "est restée au placard de peur des réactions qu'elle aurait pu susciter". Selon toujours Biadillah, cette enquête portant sur la production du cannabis et ses vertus médicinales avait également dévoilé que la légalisation de la culture de cette plante pourrait régler les problèmes de nombreux cultivateurs du nord du pays poursuivis en justice.
Plantations "alternatives"
A lire Al Ahdath Al Maghribiya, Milouda Hazeb, présidente du groupe parlementaire du PAM à la Chambre des représentants, a tenu à préciser que l'organisation d'une telle journée n'a pas pour but d'encourager la culture du cannabis. Pour Hazeb, il s'agit au contraire de transformer ces cultures illégales en plantations "alternatives" à des fins économiques. Objectif : "Améliorer l'image du Maroc". Al Khabar reprend, pour sa part, les propos de Hakim Benchemmas, président du groupe parlementaire du PAM à la Chambre des conseillers, selon lesquels le débat enclenché par le parti du tracteur sur la légalisation de la culture du cannabis n'a aucune orientation politique.
Légaliser la culture du cannabis à des fins thérapeutiques et pharmaceutiques n'est pas une nouveauté. De nombreux pays ont déjà franchi le pas. Certes, aujourd'hui parler du kif sous la Coupole peut paraître osé, et pourtant... certains partis tels que l'Istiqlal planchent sérieusement sur le sujet. Reste à savoir si une loi légalisant la culture du kif pourrait être adoptée sous l'ère du gouvernement Benkirane II.
Étant donné les chiffres mondiaux sur la culture et la vente (illégale) du cannabis dans le monde, il était temps qu'un tel débat voit le jour sur la scène politique. Commencer par une journée d'étude sous la Coupole permet notamment aux partis de démarrer sur la même longueur d'onde avant de lancer les "vrais" débat sur l'intérêt d'une légalisation de cette culture. Mais il faut bien reconnaître que d'un point de vue économique, l'exploitation des nombreuses plantations illicites dans les régions nord à des fins légales, aurait le mérite de donner un coup de pouce à l'économie nationale. Un coup de pouce qui ne serait pas du luxe par les temps qui courent.