Crise de confiance chez les jeunes: le diagnostic et les solutions du roi

Lors du discours royal marquant le 65e anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, lundi 20 août 2018.

Lors du discours royal marquant le 65e anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, lundi 20 août 2018. . DR

Dans son discours du lundi 20 août, marquant le 65e anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, le roi Mohammed VI s’est attardé sur la crise de confiance qu’éprouvent les jeunes au Maroc. Voici ce qu’il en dit.

Le 20/08/2018 à 23h35

Le roi Mohammed VI l'a dit lors du dernier discours d’ouverture du Parlement, souligné lors du discours du Trône et il le répète là encore, à l’occasion du discours donné ce lundi 20 août et marquant le 65e anniversaire de la Révolution du roi et du peuple. Le roi Mohammed VI: les jeunes, soit l’essentiel de la population marocaine et sa «vraie richesse» sont à placer «au cœur du nouveau modèle de développement». Et «un jeune ne peut être appelé à jouer son rôle et à remplir son devoir sans avoir préalablement bénéficié des opportunités et des qualifications nécessaires», affirme le souverain. «A ce jeune, nous devons offrir du concret, particulièrement en termes d’enseignement, d’emploi, de santé et dans bien d’autres domaines. A ce jeune, nous devons donner espoir et confiance en son avenir», insiste le roi Mohammed VI. Et quel que soit le milieu dont est issu un jeune, l’égalité des chances doit être de mise.

Du chômage et de la fuite des cerveauxOr, le constat est celui de la perte de confiance de ces jeunes quant à ce que leur pays peut leur offrir. Pour preuve, le taux de chômage des jeunes, qui reste élevé, et il «est pour Moi un vrai sujet de consternation», confie le roi, précisant qu’un jeune sur quatre au Maroc est sans emploi. La solution pour ces armées de chômeurs n’est autre que la fuite. Même ceux qui font leurs études ailleurs en arrivent à la même conclusion. «Lorsqu’un grand nombre de jeunes, notamment parmi les hauts diplômés des branches scientifiques et techniques, pensent émigrer, ils ne sont pas uniquement motivés par les incitations alléchantes de la vie à l’étranger. Ils envisagent cette éventualité aussi parce qu’ils manquent dans leur propre pays d’un climat et de conditions favorables à la vie active, à la promotion professionnelle, à l’innovation et à la recherche scientifique. Ce sont généralement les mêmes raisons qui dissuadent un certain nombre d’étudiants marocains de rentrer travailler au pays, au terme de leur formation à l’étranger», lit-on dans le discours royal. En face, investisseurs et entreprises ont bien souvent du mal à trouver les compétences et les profils qu’ils recherchent, analyse le souverain.

Comment redonner espoirRedonner espoir et raviver la confiance perdue chez les jeunes, c’est agir, et d’urgence, souligne le souverain. En commençant par une refonte globale des programmes d’appui public à l’emploi des jeunes, pour les rendre plus efficaces et adaptés aux attentes des jeunes. «Dans cette perspective, Nous avons décidé que soit organisée, avant la fin de l’année, une rencontre nationale sur l’emploi et la formation. Ses objectifs consisteront à formuler des résolutions pratiques et des solutions nouvelles, à lancer des initiatives et à mettre au point une feuille de route rigoureusement définie pour la promotion de l’emploi».

L’important d’abordTrouver des solutions, c’est également donner la priorité, en terme de formation, aux spécialités qui permettent de trouver un emploi et instaurer un système efficace d’orientation précoce au niveau de la deuxième ou de la troisième année précédant le baccalauréat. «Parallèlement, Nous appelons à la mise en place d’une Convention-cadre entre le gouvernement et le secteur privé, pour imprimer une impulsion vigoureuse à l’opération de requalification des étudiants qui quittent les études sans diplôme. Ils pourront ainsi jouir de nouvelles opportunités pour faciliter leur insertion socio-professionnelle», préconise le souverain. C’est aussi revoir le système de formation professionnelle pour que les lauréats aient plus de chance de s’intégrer professionnellement. Sans oublier l’amélioration des dispositifs incitant les jeunes à créer de petites et moyennes entreprises dans leurs domaines de spécialité et pour appuyer les initiatives d’auto-emploi et de création d’entreprises sociales.

CohérenceDans son dernier discours du Trône, le roi Mohammed VI ne disait pas autre chose: rétablir la confiance, c’est mettre les jeunes au travail. «La forme suprême de protection sociale est celle qui passe par la création d’emplois productifs et garants de dignité», soulignait le souverain. «Ce travail de remaniement doit se faire selon le modèle que J’ai préconisé dans le Discours du Trône, à propos des programmes de protection sociale», insiste aujourd’hui le roi. Cela suppose une mise à plat des programmes actuels, leur uniformisation et mise en harmonie, l’optimisation des ressources qui leur sont allouées et, là encore, un meilleur ciblage pour de meilleurs résultats. La feuille de route pour la prochaine rencontre nationale sur l’emploi et la formation est toute tracée.

Par Tarik Qattab
Le 20/08/2018 à 23h35