La hache de guerre n'a pas été enterrée entre Brahim Ghali, désigné par Alger à la tête du Polisario depuis un an, et les partisans de son prédécesseur, Mohamed Abdelaziz, décédé le 31 mai 2016. Réunissant début avril les membres du secrétariat national du Front, Brahim Ghali a créé la surprise en soulignant "la nécessité pour tous les membres de la direction du Polisario établis dans leur majorité dans la wilaya algérienne de Tindouf de regagner sous peine de représailles les camps de fortune", rapporte un site séparatiste.
"Quiconque est désigné à un poste de responsabilité doit désormais fusionner avec les habitants des camps et vivre avec eux afin de pouvoir prendre la mesure de leurs souffrances", a indiqué le chef du Polisario, insistant sur le fait que sa décision est "indiscutable" et "irrévocable".
Le chef du Polisario somme ainsi ses collaborateurs et leurs familles de renoncer au faste de leurs villas climatisées ayant pignon sur rue à la wilaya algérienne de Tindouf, en menaçant d'éventuels désobéissants de sanctions drastiques.
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Voilà pour l'info. Maintenant, il paraît qu'il va falloir en penser quelque chose. Or, circulez!, rentrez!, il n'y a rien à retenir de cette décision en dehors de son caractère populiste et revanchard. S'agissant du populisme, il apparaît à l'évidence que Brahim Ghali, arrivé à la tête du Front Polisario non par la voie des "urnes" mais grâce aux épaulettes galonnées des généraux algériens, veut se constituer une autre réputation que celle entachée du sang de ses anciennes victimes et des larmes de leurs familles du temps où il officiait en tant que "vizir de la défense" (1976-1991). La plainte pour génocide activée à son encontre par la plus haute juridiction pénale en Espagne, l'Audience nationale, le démontre à tout point de vue. Obligé de se terrer, le tortionnaire ne peut se rendre en Europe, quel que soit le pays, sans risquer d'être arrêté, l'Audience nationale espagnole ayant une compétence universelle peut exiger son extradition comme elle l'a fait en décembre 2006 avec l'ancien dictateur chilien, Augusto Pinochet.
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Mais passons, car Brahim Ghali veut régler ses comptes avec la vieille garde allégeante à son prédécesseur, Mohamed Abdelaziz, décédé le 31 mai dans une clinique de Rochester, aux Etats-Unis. Il veut montrer que son prédécesseur, avec lequel il était en conflit, était un népotiste, autant que ses partisans qui continuent de lui vouer de l'estime même à titre posthume. Bien sûr, Brahim Ghali n'est pas plus "clean" que feu Mohamed Abdelaziz. Outre son passé de tortionnaire qu'il continue de traîner, il a aussi "brillé" par sa réputation crasse de "serial-violeur" au point de n'avoir épargné ni les mineures ni les femmes mariées dans cette zone de non-droit qu'est Tindouf. Bien sûr, Brahim Ghali, à l'instar de ses frères d'armes au sein du Front Polisario, ne s'est pas privé du faste qu'ont impliqué ses anciens postes à responsabilité, séjours dorés en Europe, notamment en Espagne où il s'offrait des soirées arrosées et bien accompagnées aux frais du contribuable algérien et au détriment de la population affamée et humiliée à Tindouf.
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A cette entreprise de "relifting" qu'il veut s'offrir aujourd'hui, aux dépens de son prédécesseur et ses partisans, il faut ajouter la situation d'isolement à laquelle Brahim Ghali fait face aujourd'hui, sur le plan interne aussi bien qu'externe. Cela étant, une chose reste sûre: la mesure qu'il vient de prendre risque d'aggraver la situation. Après la population, la communauté internationale, le chef du Polisario va certainement se mettre davantage à dos ses pairs à la direction qui feront tout pour se soustraire à cette décision. Les représailles promises par Brahim Ghali ne manqueront pas de faire chanceler le QG de Rabouni, ou ce qu'il en reste.