Le 22 décembre 2016. Lors d’une tournée dans ce que la propagande séparatiste appelle «la 6e région militaire», Brahim Ghali, chef du Polisario, a fait des déclarations cinglantes sur l’ère de son prédécesseur, Mohamed Abdelaziz. Il a pointé du doigt «le népotisme, corruption, enrichissement illicite et appauvrissement des populations». Il a juré de mettre un terme à ces pratiques qui ont profité aux proches de son prédécesseur. Ses propos ont été salués par la presse séparatiste qui a lancé des hourrahs au nouveau patron qui promet de sévir contre les voleurs.
Quelques jours plus tard, soit le 10 janvier 2017, la direction du Polisario reçoit l’ordre de son tuteur, Alger, de ne pas entacher la mémoire de l’ancien patron des séparatistes. Et une «source autorisée de la présidence de la république sahraouie» a déclaré dans les sites séparatistes que les propos de l’actuel chef du Polisario «ont été sortis de leur contexte». «Les propos de Brahim Ghali ont été dénaturés, mal interprétés, qu’il voue une admiration sans faille à son prédécesseur et s’inscrit dans la continuité de son action inscrite en lettres d’or dans l’éternité, etc.» De très entaché aux yeux de l’actuel chef des séparatistes, il y a moins d’un mois, le legs de Mohamed Abdelaziz est devenu immaculé depuis trois jours.
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On l’aura compris, cela fait désordre aux yeux d’Alger que dans la fougue des premiers jours de son mandat, l’actuel chef du Polisario crache aussi ouvertement sur son prédécesseur. Tout le monde sait que le népotisme, la corruption, le détournement des aides à l’adresse des «réfugiés» sont monnaie courante en Algérie. Passe encore que cela émane des associations internationales et l’Union européenne qui ont dénoncé dans des rapports l’enrichissement de militaires algériens et des notables polisariens grâce aux détournements des aides aux populations séquestrées et à la protection de trafiquants d’armes, de drogues, de voitures volées et de dromadaires. Mais que l’accusation émane même de l’intérieur de la maison qui vole, cela constitue évidemment aux yeux d’Alger un dérapage qui pourrait être exploité à l’international et dans des procès. Brahim Ghali est donc rappelé à l’ordre, avec injonction de graver dans le marbre les mains propres de Mohamed Abdelaziz et sa bande.
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Un proverbe marocain dit: «Ils ne les ont pas vu voler, mais ils les ont vu partager les objets volés». Les chefs du Polisario, on les a non seulement vus, mais aussi entendus.