Ces mafias qui profitent des projets de mise à niveau urbaine des grandes villes

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Revue de presseKiosque360. Des investigations de la Cour des comptes viennent de dévoiler une vaste opération de dilapidation des enveloppes budgétaires consacrées au Programme de la mise à niveau urbaine. Une véritable chaîne de complicités a été également mise à nu, rapporte le quotidien Assabah dont est tirée cette revue de presse.

Le 05/05/2022 à 22h58

C’est une grosse «pieuvre», comme la qualifie le quotidien arabophone Assabah, qui vient d’être dévoilée par les magistrats de la Cour des comptes. Avec ses multiples tentacules, présidents de conseils communaux, chefs de bureaux d’études, entrepreneurs, fonctionnaires, et des complicités jusqu'au sein de la Direction générale des collectivités locales, cette pieuvre a réussi à «dévorer», selon Assabah, des milliards de centimes des budgets consacrés à la mise à niveau urbaine dans les grandes villes du pays.

Des sommes colossales consenties annuellement par le Programme de mise à niveau urbaine ainsi que les différentes caisses d’équipement communal consacrées à l’entretien des routes, au pavage des chaussées et des trottoirs, à l’aménagement et à l’entretien des espaces publics, sont en majorité détournées à travers un système de surfacturation, dont les premiers coupables sont les présidents de conseils communaux. C’est du moins la conclusion à laquelle est parvenue la Cour des comptes, qui a établi que les procédures légales ne sont pas respectées, alors que les factures justificatives seraient soit «anormalement excessives», soit «anormalement basses».

Ces facturations violeraient donc de façon flagrante le décret n° 2-12-349 du 4 avril 2013, relatif aux marchés publics, et particulièrement son article 41 qui explique clairement comment le commissaire aux marchés publics doit se comporter et justifier par écrit ses choix à chaque fois qu’il est en face de propositions de prix anormalement excessifs ou anormalement bas.

Assabah explique que cette procédure a toujours été violée par certains présidents de conseils communaux, ce qui leur a valu le nom de «nouveaux riches de la mise à niveau urbaine» de la part de leurs collègues officiant à la tête d’autres communes plus regardantes. En effet, certains de ces édiles n’ont pas hésité à présenter des factures supérieures de 20 à 100% au prix réel du marché.

L’autre modus operandi pour détourner les enveloppes consacrées à la mise à niveau urbaine n’est autre que la signature de marchés avec les bureaux d’études, jamais suivis d’effet sur le terrain. Ce qui n’empêche pas certains présidents de communes de signer chaque année de nouveaux marchés d’études, tout en s’abstenant, à travers des justifications tordues, de dresser des rapports sur leurs réalisations annuelles.

Assabah conclut que ces graves dysfonctionnements risquent de faire tomber des têtes dans les semaines à venir.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 05/05/2022 à 22h58