Les deux personnalités étaient interrogées par Le360 sur le Sahel et le Mali, en marge des travaux de la 14e édition des MEDays qu’organise, du 2 au 5 novembre 2022 à Tanger, l’Institut Amadeus sous le thème «De crises en crises: vers un nouvel ordre international?».
«L’UE est très préoccupée, mais engagée pour stabiliser le Sahel en collaboration avec nos partenaires des pays du Sahel parce qu’il s’agit de la stabilité de l’Union européenne», a affirmé la représentante spéciale de l’Union européenne (UE) pour le Sahel, l’Italienne Emanuela Del Re. «Nous sommes conscients de la gravité du terrorisme et des trafics de tous les genres et c’est pourquoi notre stratégie est basée surtout sur le concept de la gouvernance. On a investi, et on va beaucoup investir dans le futur, environ 2 milliards d’euros, sans oublier l’assistance technique pour établir des Etats stables et prospères parce que la gouvernance est pour nous un tout, car si on a un Etat qui fonctionne bien, on aura un système étatique des droits de l’homme, un Etat qui peut garantir l’accès au service de base tels que les écoles et les hôpitaux».
Emanuela Del Re a également abordé le sujet climatique prégnant au Sahel: «Le problème climatique est la cause des déplacements des réfugiés. Il a un impact sur la crise alimentaire et sur l’immigration. Il faut agir maintenant, car l’avenir risque de se compliquer et nous continuerons à appuyer le Sahel». Au sujet de l’insuffisance de soutien européen face aux changements climatiques, Emanuela Del Re a répondu que «notre efficacité est évidente, car les projets sont nombreux».
Elle a également évoqué la collaboration avec le Royaume: «Le Maroc collabore dans la lutte contre le terrorisme. On travaille ensemble pour trouver des solutions efficaces».
Quant à l’ancien chef du gouvernement du Mali, Moussa Mara, il a estimé que «la situation au Mali est préoccupante, mais pas désespérée ».
«Sur le plan sécuritaire, il y a une situation complexe avec la présence de groupes terroristes, avec une rébellion qui n’a pas encore été totalement achevée et nous avons une instabilité politique avec des coups d’Etat et cela s’explique par une crise de croissance de nos Etats», a expliqué le dirigeant malien.
«Nos Etats sont jeunes, ce n’est pas compromis et ce n’est pas désespéré, car la transition fait son chemin. Il faut juste respecter le programme (de la transition) et que la CEDEAO et l’Union africaine nous accompagnent pour qu’on sorte de la transition de manière positive», a-t-il expliqué.
Au sujet du départ des troupes françaises du Mali et du Sahel, l’ancien chef du gouvernement malien a estimé que «la région doit être défendue par elle-même et la région doit être défendue par nos armées». Pour l’ancien chef de l’Exécutif malien, «les interventions extérieures avec des partenaires devraient être en arrière scène, mais pas devant. C’est nous qui devons être au devant de la scène parce que ce sont nos problèmes et la France doit s’inscrire dans cette direction, mais partir en disant que tout s’écroulera après moi, ce n’est pas vrai», a-t-il martelé. «Nous devons être conscients de nos possibilités», a-t-il insisté.
A propos de la coopération entre le Mali et le Maroc, l’ancien Premier ministre a souligné que «les relations sont très bonnes, très fructueuses, ce sont des relations millénaires dans les domaines politiques, économiques et sécuritaires». « Mais, il y a encore des efforts à faire», a conclu Moussa Mara.