"Si quelqu'un me dit que le chef du gouvernement n'était pas au courant, c'est qu'il me prend pour un naïf". C’est ainsi que Mohamed Boussaid, argentier du royaume, s’est exprimé ce vendredi matin à Rabat lors d’une conférence de presse, faisant allusion à la polémique qui a éclaté entre Abdelilah Benkirane et Aziz Akhannouch. "Nous consultons le chef du gouvernement à chaque fois", renchérit le ministre de l’Economie et des Finances qui émet quand même des réserves quant aux fuites des débats au sein du conseil de gouvernement.
«Le chef du gouvernement est le chef de l'Administration. La primature doit être vue sous l’angle d'une institution. Cette question sera résolue. L'important c'est que le citoyen sente que des efforts ont été accomplis au niveau de sa région», ajoute Mohamed Boussaid qui a appelé à mutualiser tous les efforts pour faire aboutir le programme de développement du monde rural et des zones de montagne. Un programme instauré sur directives royales et qui cible, entre 2016 et 2022, les populations de 24.000 douars.
Hier jeudi, en conseil de gouvernement, un vif échange a eu lieu entre Abdelilah Benkirane et Aziz Akhannouch. Le premier n’a pas caché son mécontentement de voir son ministre de l’Agriculture devenir, dans le texte du Projet de Loi des Finances (PLF) 2016, l’ordonnateur des dépenses dudit compte. Le chef du gouvernement a affirmé qu’il n’était pas au courant de cette démarche alors que Aziz Akhannouch affirme le contraire. Et tout porte à le croire, puisque, aujourd’hui, son collègue à l’Economie et aux Finances apporte à son tour un démenti aux propos du chef de gouvernement. Abdelilah Benkirane répète, depuis hier, qu’il allait émettre un communiqué pour s’expliquer. Sauf que, jusqu’à la rédaction de ces lignes, il n’a rien diffusé encore. Ce qui est sûr, c'est que ce dossier augure d'une grave crise au sein de l'Exécutif. Deux ministres de Benkirane le désavouent. Sa réaction est très attendue.