«Nous allons commencer par mettre en œuvre, dans les prochaines semaines, le projet de loi cadre relatif à la réforme de la santé avec la détermination irréversible de créer de nouvelles instances, à savoir d’abord, la mise en place d’organes de santé régionaux autonomes autour des Centres hospitaliers universitaires (CHU)», a déclaré le chef du gouvernement qui s’exprimait à l’occasion de la session mensuelle réservée à la politique générale du gouvernement.
«Notre nouveau système de santé se construira sur des goupes régionaux de santé qui seront placés et gérés localement au niveau des CHU», a déclaré Aziz Akhannouch, indiquant que le ministère de la Santé procèdera à la construction d’un CHU tous les ans et ce, à partir de 2023.
Outre la généralisation de la protection médicale et sociale, qui est «un grand chantier initié par le roi Mohammed VI», la réforme concernera aussi la création de «deux Agences nationales, l’une concernant la gestion des médicaments et la seconde chargée de la transfusion sanguine et de la gestion des stocks de sang», a également précisé le chef de l’Exécutif.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a annoncé qu'une instance de la santé sera bientôt mise en place. Qualifiée de stratégique, cette instance aura pour mission de garantir la continuité et la qualité de la politique nationale en matière de santé. Elle œuvrera à la régulation de la couverture médicale obligatoire et à l'évaluation de l'efficacité des prestations dispensées par les différents intervenants des secteurs public et privé.
La réforme prévoit aussi la mise à niveau de quelques 1.400 centres hospitaliers de proximité dont 300 seront réhabilités à partir de septembre 2022.
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Aziz Akhannouch a également annoncé la signature, dans les prochains jours, d’une convention avec le ministère de la Santé et de l’Education nationale portant sur le doublement, d’ici 5 ans, du nombre de médecins formés. «Chaque année nous augmenterons de 20% le nombre de médecins dont le chiffre actuel ne dépasse pas 1.400 médecins lauréats par an», a-t-il détaillé.
De plus, pour inciter les médecins à ne pas émigrer dans le cadre de la fuite des cerveaux, le chef du gouvernement a préconisé la révision du statut et des indemnités de ces professionnels. «Nous sommes conscients de la problématique des ressources humaines dans le secteur de la santé», a-t-il reconnu.
Dans leurs interventions, les groupes parlementaires de l’opposition ont jugé «insuffisantes, ces actions», le chef du groupe du MP (Mouvement populaire), Driss Sentissi, ayant regretté que le chef du gouvernement n’ait pas livré un agenda «précis et détaillé au sujet de la programmation et de l’application des divers chantiers». Il a exprimé ses doutes quant aux conditions de réussite de la mise en service de la carte électronique dédiée aux patients et aux soins.
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Pour sa part, Mohamed Ghayate, président du groupe parlementaire du RNI, parti de la majorité, a souligné le fait que la réforme du secteur de la santé est «un engagement du gouvernement actuel», soulignant que c’est un lourd héritage pour lequel toutes les parties doivent «se mobiliser». «Le chef du gouvernement est plein de volonté pour réussir cette réforme», a-t-il dit.
Quant à Nabila Mounib, secrétaire général du Parti socialiste unifiée (PSU), elle a vivement critiqué les actions du gouvernement, indiquant que le monde rural souffre toujours «d’un manque d’infrastructures, d’hôpitaux et de médecins». Elle a, par ailleurs, appelé le gouvernement à mener des études sur les conséquences des vaccins contre le Covid-19 sur la santé.
Enfin, le député de l’USFP (opposition), Mehdi Fatimi, a regretté le fait que 40% des médecins soient concentrés sur l’axe Casablanca-Rabat-Kénitra. Il a appelé à la hausse de la part du budget du secteur de la santé de 7 à 20%.