Après son divorce avec le PPS, le PJD courtise le PAM

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Revue de presseKiosque360. Avant de conclure, récemment, une alliance dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, le PJD et le PAM ont contracté, depuis 2015, des alliances similaires dans une cinquantaine de Conseils locaux et Chambres professionnelles.

Le 03/11/2019 à 18h47

Le PAM et le PJD se trouvent désormais côte à côte dans les instances dirigeantes de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima. S’agit-il d’une alliance politique ou juste d’un «marché » pour partager les bénéfices électoraux dans la région? C’est la question à laquelle le quotidien Al Akhbar tente de répondre dans un dossier qu’il consacre à cet événement politique dans son édition du lundi 4 novembre.

Ainsi, en remontant un peu plus loin dans le passé, il y a quatre ans exactement, le quotidien remarque que les alliances, déjà conclues entre le PJD et le PAM dans la commune de Tétouan et dans plusieurs Chambre professionnelles, étaient de nature à augurer d’un rapprochement politique entre les deux formations. A l’époque, les ténors du parti, mais aussi les fameuses milices électroniques, avaient rejeté catégoriquement cette possibilité, qualifiant même le PAM de «ligne rouge», entre autres. Pourtant, au lendemain des élections communales du 4 septembre 2015, les deux formations ont conclu pas moins de 50 alliances locales leur permettant de diriger autant de conseils élus.

Dans certaines villes, à Tétouan notamment, explique le quotidien, ces alliances nouées contre toute logique ont servi de laboratoire pour un éventuel rapprochement à un plus haut niveau, aux législatives par exemple. Ainsi, à Tétouan, le PAM a sacrifié son ancien allié du G8, le RNI, pour porter le PJD à la tête du conseil communal. A Nador, c’est le PJD qui a lâché ses alliés du MP pour permettre au PAM d’accéder aux commandes de la commune. Dans les deux cas, affirme Al Akhbar, les instances dirigeantes et arbitrales du PJD, sollicitées pour se prononcer sur ces alliances, n’y ont trouvé aucun inconvénient. Au contraire, elles les ont justifiées par la nécessité de préserver l’intérêt général.

Le même scénario s’est répété dans les Chambres professionnelles. Dans plusieurs cas, les élus du PJD ont voté en masse, mais discrètement, pour les candidats du PAM aux commandes de ces institutions. Et ce, contrairement à la logique politique qui voudrait que le parti islamiste appuie ses alliés du gouvernement au lieu de soutenir les partis de l’opposition. Cela s’est passé dans les Chambres professionnelles de quatre régions. Ainsi, dans l’Oriental, le PJD fait barrage au RNI et au MP en votant pour le PAM à la Chambre de commerce. Dans la région de Marrakech-Safi, le PJD a voté également pour un candidat PAM, lui permettant d’accéder à la présidence de la Chambre de l’Agriculture. Le PAM lui a rendu la faveur en votant pour lui à la Chambre de la Pêche maritime dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, la seule que dirige le PJD. Dans le Sud, dans la région de Souss-Massa, le PJD a fortement appuyé le PAM, lui permettant de remporter la présidence de la Chambre de Commerce.

Les deux Chambres du Parlement ont également connu des ententes entre les deux partis, particulièrement la deuxième Chambre présidée par le PAM, où le PJD occupe une place importante dans les instances dirigeantes. Cette entente va même au-delà du Parlement et des conseils locaux et régionaux, pour s’étendre aux institutions constitutionnelles. A chaque fois que les deux Chambres du Parlement ont, par exemple, à désigner des membres dans ces institutions, les deux partis s’arrangent pour favoriser leurs candidats. C’est ainsi, relève Al Akhbar, que lorsqu’il a été question de désigner les membres de la Cour constitutionnelle, les députés du PJD ont voté pour le candidat du PAM et, en contrepartie, les conseillers du PAM à la deuxième Chambre ont plébiscité le candidat du parti islamiste.

Ce qui fait dire que quotidien qu’au final, il y a toujours eu des ententes entre les deux formations et l’objectif a toujours été de «partager le gâteau» et de bénéficier des avantages qu’offrent les postes de responsabilité. De ce fait, ces alliances ont toujours été motivées par les intérêts, elles ne sont nullement bâties sur un programme politique commun et ne découlent pas, non plus, d’un quelconque rapprochement idéologique.

Par Amyne Asmlal
Le 03/11/2019 à 18h47