Le nouveau (et ancien) ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, ne s’attendait certainement pas à une réaction aussi ferme du Maroc, au terme de son laïus sur le principe de l’autodétermination lors d’une récente réunion, tenue les 13 et 14 juillet, du Mouvement des Non Alignés. «L’autodétermination n’est pas un principe à la carte», a répliqué le représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, avant de poursuivre: «C’est pourquoi le vaillant peuple Kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination». Une déclaration qui a laissé sans sommeil, depuis, le régime Algérien, commente le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 19 juillet.
Quelques jours après cette déclaration, les médias algériens ont sonné la mobilisation générale. «Un déluge de colère en Algérie, le peuple exige une riposte», titre notamment le quotidien Achchourouk, journal à la solde de la junte militaire au pouvoir et particulièrement connu pour sa ligne éditoriale très hostile au Maroc. Pourtant, la déclaration d’Omar Hilale n’est qu’un petit rappel à l’ordre à l’adresse du ministre Lamamra qui vient à peine de prendre le poste, poursuit Al Ahdath Al Maghribia qui revient sur les tumultueux rapports entre l’ancien ministre de Bouteflika et le Maroc.
L’histoire de Ramtane Lamamra, plutôt son épopée contre le Maroc, se résume en un seul mot: échec total et sur toute la ligne. En 2013, rappelle le quotidien, l’ancien président Bouteflika avait fait appel à Lamamra, alors à la tête du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, pour le nommer aux Affaires étrangères avec une seule mission: couler le bateau Maroc dans le Sahara. L’ancien président avait même fixé l’année 2015 comme échéance décisive pour venir à bout du Royaume, en utilisant, bien sûr, le dossier du Sahara et la milice du Polisario. Pour ce faire, le régime algérien a ouvert les caisses de l’Etat au ministre. Lamamra a alors rameuté tout ce qu’il a pu se payer comme lobbies et groupes de pression à travers les quatre coins du monde. Les largesses de l’Etat algérien ont engraissé jusqu’aux groupes de pression en Australie où le ministre a monté toute une équipe de travail avec pour unique occupation de contrer les intérêts du Royaume.
Comme tout le monde le sait, le souverain avait initié, à la même époque, une série de tournées africaines avec les résultats que l’on connaît aujourd’hui, précise le quotidien. Lamamra et l’Algérie ont voulu asphyxier le Maroc et leur entreprise a été vouée à l’échec. Quant au Royaume, ses percées diplomatiques de la même époque sont aujourd’hui gravées dans les annales de l’Union Africaine. D’échec en échec, la diplomatie algérienne a perdu. Plus tard, le même Lamamra, qui n’était plus ministre, a été appelé à la rescousse, cette fois, par le régime des généraux pour une nouvelle mission: contrer les initiatives du Maroc sur le dossier libyen. Là encore, échec total.
Avec cette dernière manœuvre, l’Algérie voulait tenter plusieurs coups. Elle voulait entamer un retour en force sur la scène internationale à l’image de ce qu’elle était dans les années 70, en guise de réponse au mouvement de contestation interne, le Hirak, et en même temps neutraliser l’action du Maroc dans ce dossier. Seulement, comme l’a d’ailleurs souligné le quotidien Le Monde, le veto américain opposé à la candidature de Lamamra au poste de chef de la médiation de l’ONU sur la Libye a été un revers pour Alger. «Le désaveu est cinglant pour une diplomatie algérienne qui espérait retrouver un certain éclat après un long effacement», commente le quotidien repris par Al Ahdath Al Maghribia.
On comprend maintenant pourquoi la réponse de l’ambassadeur Hilale a eu un tel effet sur le régime des généraux qui espérait qu’avec le rappel aux affaires de l’ancien chef de la diplomatie, il tenait une carte gagnante. Il a eu tort.
En effet, commente de son côté le quotidien Assabah, l’Algérie, pour reprendre une expression courante, est aujourd’hui en train de boire elle-même la plus grande partie de son venin. L’Algérie qui se dresse en fervent défenseur du droit des peuples à l’autodétermination, depuis près d’un demi-siècle, juste pour nuire aux intérêts et à l’intégrité territoriale du Maroc, se voit aujourd’hui rappeler que le peuple kabyle peut lui aussi aspirer à jouir de son plein droit à l’autodétermination.