"Il est impératif d’exclure le Maroc de l’UMA, dès lors qu’il a ramené l’ennemi sioniste à nos frontières et nous ne leur faisons plus désormais confiance", a dit lors d’une conférence de presse, samedi 27 février à Alger, Abderrazak Makri, le chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), principal parti islamiste algérien, autorisé par les militaires.
En évoquant l’UMA, Abderrazak Makri a repris à son compte la proposition du chef du parti islamiste tunisien Ennahdha et président de l’Assemblée des Représentants du Peuple (Parlement), Rached Ghannouchi, qui a appelé à la reconstruction de l’UMA avec seulement "le trio Algérie, Tunisie, Libye".
Rached Ghannouchi avait dernièrement appelé les autorités de son Etat, de l’Algérie et de la Libye à "l’ouverture des frontières entre les trois pays, au lancement d’une monnaie commune et au développement d’un partenariat agricole et industriel dans le cadre d’un marché commun entre eux".
Dans un entretien accordé à la radio tunisienne Diwan FM, Rached Ghannouchi a estimé que ces trois Etats sont "la locomotive" du Maghreb.
Ghannouchi n’a pas manqué lors de cet entretien de dire le fond de sa pensée en proposant un Maghreb à trois pays: "une bonne part des problèmes économiques de la Tunisie ne pourront être résolus que dans un cadre régional".
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La Tunisie fait en effet face à une crise économique très grave qui menace le pays d’asphyxie. Outre la pensée antisémite de Ghannouchi, qui reproche au Maroc d’avoir rétabli des relations diplomatiques avec Israël et semble résigné au fait que Nouakchott normalise ses relations avec Tel-Aviv, l’islamiste en chef de Tunisie espère sans doute, avec un UMA à trois, envoyer des centaines de milliers de Tunisiens travailler en Libye.
"Pour des raisons internes à la Tunisie, notamment idéologiques, nos différents gouvernements n’ont malheureusement pas participé de manière active à aider nos frères libyens à stabiliser leur pays et à relancer le processus de sa reconstruction", regrette Ghannouchi, qui souligne que "plusieurs problèmes économiques, dont le chômage par exemple, pourront être résolus si la stabilité revenait dans ce pays".
Le fossoyeur du MaghrebEn proposant un "mini-Maghreb" amputé du Maroc et de la Mauritanie, le chef du parti islamiste tunisien Ennahda et président du parlement, Rached Ghannouchi, obéit à un double calcul: un antisémitisme patent, et un opportunisme purement économique. Cette "pensée" a d'ailleurs été formulée de façon claire par son frère algérien Abderrazak Makri, qui a carrément appelé à exclure le Maroc de l’UMA, parce qu’il a, selon ses dires, "ramené l’ennemi sioniste à nos frontières".
Mais aussi bien Rached Ghannouchi que Abderrazak Makri semblent oublier que l’UMA est une coquille vide, et qu’elle est en état de mort cérébrale, et ce, depuis plusieurs années. Cette organisation, créée en 1989 à Marrakech et regroupant cinq Etats du Maghreb, n’a jamais pu être à la hauteur des aspirations des peuples du Maghreb, en raison de l’obstination de l’Algérie à torpiller sa construction, en soutenant l’existence d’une entité fantoche qu’elle a baptisée "Rasd".
Dans un discours mémorable devant le 28e sommet de l’Union africaine, à Addis-Abeba, le 31 janvier 2017, au lendemain du retour officiel du Maroc à l’instance africaine, le roi Mohammed VI avait d'ailleurs établi cet amer constat: "force est de constater que la flamme de l’UMA s’est éteinte, parce que la foi dans un intérêt commun a disparu! L’élan mobilisateur de l’idéal maghrébin, promu par les générations pionnières des années 50, se trouve trahi".
Dix mois plus tard, le 29 novembre 2017, dans un message adressé cette fois-ci au sommet Union africaine-Union européenne, le souverain fait une nouvelle fois montre de son habituelle franchise, en constatant l’inexistence de l’Union du Maghreb arabe (UMA). "Hélas, l’UMA n’existe pas!", avait déplore le roi Mohammed VI, mettant ainsi fin à cette véritable farce d'une l'organisation régionale maghrébine, et ce, après une analyse détaillée de la situation qui prévaut en Libye et à laquelle, pas une seule fois, l’UMA n’a apporté de réponse.
L’ancien président tunisien, Moncef Marzouki, a bien diagnostiqué les raisons de la mise à mort de l’UMA. Dans une interview, accordée le 19 juin 2020, au quotidien Al Quds Al Arabi, il a expliqué que l’Algérie était le plus grand facteur bloquant à la construction de l’UMA. Faut-il d'ailleurs rappeler, à cet Algérien qu'est Abderrazak Makri, que son pays maintient ses frontières terrestres fermées avec le Maroc depuis... 1994?
Les islamistes de Tunisie et d’Algérie semblent se souvenir seulement aujourd’hui de l’UMA. Reste à savoir comment le PJD marocain va-t-il répondre à ses frères algériens et tunisiens. L’une des réponses fortement recommandées consisterait à bénir leur initiative.