Le propre de la bêtise est de jouer les mêmes cartes en espérant que celles-ci vont, à force et comme par miracle, s’avérer gagnantes. C’est pourtant la définition même de la stratégie algérienne qui, tout en se révélant chaque jour un peu plus comme le principal protagoniste du conflit sur le Sahara marocain, croit bon activer à souhait son protégé, le Polisario. Tant la milice armée que son chef, Brahim Ghali, dépassés par les événements, ont brillé par leur absence ces derniers mois– rendus paradoxalement invisibles par leur parrain algérien qui joue désormais à découvert. Mais qu’à cela ne tienne, le président algérien Abdelmadjid Tebboune croit toujours pouvoir s’en servir pour épater la galerie, même si tout est de savoir laquelle.
Ainsi donc, le président Tebboune, qui compte ses alliés sur le bout d’un seul doigt –nommons son homologue tunisien Kaïs Saïed vassalisé–, fait de nouveau appel au chef du proto-État. Uniquement pour le simple effet d’annonce.
Dans une dépêche on ne peut plus laconique, l’agence officielle algérienne se limite à annoncer que «le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu ce mardi à Alger le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et Secrétaire général du Front Polisario, M. Brahim Ghali».
Pour les enjeux stratégiques et autre agenda chargé d’une telle rencontre ô combien décisive, il faudra repasser! Ou pas. Absolument rien n’est dit sur le (non) sujet. On retiendra néanmoins que la «réception» a eu lieu en présence du chef d’état-major Saïd Chengriha et du directeur de cabinet de Tebboune, Boualem Boualem.
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On notera également que l’invitation est ordonnée, et exécutée, le jour même où se tient la séance de débriefing à huis clos au Conseil de sécurité sur le Sahara. Une réunion pendant laquelle les États membres prendront acte des exposés de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Staffan de Mistura, et du représentant spécial pour le Sahara et chef de la MINURSO, Alexander Ivanko. Staffan de Mistura devrait y rendre compte de l’évolution du conflit et de la série de consultations qu’il a menée auprès de l’ensemble des acteurs concernés.
Le rendez-vous se tient cette année en présence de l’Algérie, qui siège depuis janvier 2024 au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent. Et c’est certainement la raison pour laquelle Tebboune a dépêché son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, à New York. Ce même mardi.
Officiellement, cette «visite de travail» a pour but de «participer à une série de réunions ministérielles sur la question palestinienne». Le timing laisse cependant perplexe. La vérité est ailleurs, le débriefing, Attaf veut en être.
Mais, tout est de savoir quelle sera sa réaction quand on sait que l’enjeu de cette réunion est, justement, «de savoir comment amener toutes les parties à la table des négociations», soulignait l’instance onusienne dans un communiqué. Pour la troisième année consécutive, le Conseil de sécurité n’a eu de cesse de sommer l’Algérie de participer au processus des tables rondes. Le dernier rappel en date est d’ailleurs formalisé dans sa résolution 2703, adoptée le 30 octobre 2023 avec 13 voix pour et deux abstentions. Alger pourra-t-elle s’y dérober indéfiniment, alors que sa responsabilité dans le conflit est évidente et que, de l’aveu même de ses médias, le Sahara est pour la junte algérienne une «question de sécurité intérieure».
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Qu’est-ce qui empêche donc Alger de prendre part au processus onusien au lieu de tourner en rond, déployant le tapis rouge au chef d’une dénommée RASD (Rien à Signaler Dans le Désert) qui n’a ni peuple, ni État, ni monnaie… et qui survit grâce à la dilapidation de l’argent du peuple algérien qui fait la queue pour des produits de première nécessité et prie le ciel, chaque matin, pour que des gouttes d’eau sortent du robinet. Le tout dans un pays dit pétrolier!
Le régime algérien sait pertinemment que le débriefing de New York est un no show. Attaf aura beau faire le pied de grue dans les couloirs du siège de l’ONU, il n’y pourra rien. Alors, «au pays du monde à l’envers» et de l’esbroufe, on essaie de changer d’espace et de temps et de déplacer à Alger la prestation espérée à New York. Mais même sur le chapitre temps et espace, le régime algérien se trompe: ce n’est pas du côté de New York que les gérontes d’Alger devraient regarder, mais du côté de Rabat. C’est dans la belle capitale marocaine que le sort du dossier du Sahara occidental, et partant celui des vieillards impotents qui siègent à Alger, a été scellé.