Alger et Pretoria relancent la bataille pour imposer le Polisario au TICAD, Tokyo s’y oppose

La première Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) qui se tient sur sol africain.

La première Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) à s'être tenue sur ce continent a eu lieu en 2022. . DR

Revue de presseÀ l’approche de la neuvième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), prévue du 20 au 22 août à Tokyo, Alger et Pretoria redoublent d’efforts pour introduire le Polisario dans les travaux, malgré l’absence d’invitation officielle. Le Japon réaffirme son refus catégorique. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 11/08/2025 à 18h40

À mesure que l’ouverture de la TICAD 9 approche, les manœuvres diplomatiques s’intensifient. Selon des sources diplomatiques concordantes citées par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mardi 12 août, l’Algérie et l’Afrique du Sud mènent une offensive coordonnée pour obtenir la participation du Polisario à cette plateforme majeure de coopération nippo-africaine.

Leur objectif est de rééditer le précédent controversé de la TICAD 8 à Tunis, en août 2022, lorsque le représentant du Polisario avait été introduit dans les travaux, en marge du protocole officiel.

Ce précédent reste gravé dans les annales de la conférence. À l’époque, Tokyo avait formellement rappelé que la seule invitation officielle était signée conjointement par le Premier ministre japonais et le président tunisien, et que le Polisario n’en faisait pas partie, écrit-on.

Malgré cela, l’Algérie et la Tunisie avaient orchestré sa présence, transformant un sommet consacré au développement en scène de tensions politiques. En 2024, lors d’une réunion préparatoire à Tokyo, Alger avait déjà tenté d’inclure un représentant du Polisario dans sa délégation officielle.

Cette initiative avait déclenché une réaction ferme du Japon, qui avait publiquement réaffirmé sa position. Celle de ne reconnaître que les États membres des Nations unies et d’exclure tout autre acteur non souverain des instances de la TICAD.

Pour Tokyo, la TICAD doit rester un forum multilatéral consacré à la croissance, à la paix et à la prospérité de l’Afrique, sans devenir l’otage d’agendas politiques.

Cette approche s’appuie sur un principe constant de la diplomatie japonaise, soit le respect strict de la légalité internationale et la neutralité vis-à-vis des différends territoriaux.

Créée en 1993, la TICAD est co-organisée par le gouvernement japonais, les Nations unies, le PNUD, la Banque mondiale et la Commission de l’Union africaine.

Ce rendez-vous triennal réunit chefs d’État, responsables institutionnels, organisations internationales, acteurs économiques et société civile autour de projets de coopération concrets. Les thématiques vont de l’industrialisation à la santé publique, en passant par l’infrastructure, l’éducation, l’environnement et la sécurité alimentaire. Autant dire que le Polisario n’a rien à y faire.

Le sommet de Tokyo devrait être marqué par des annonces en faveur de la transition énergétique, de la digitalisation et du renforcement des chaînes de valeur africaines. Mais ces ambitions risquent d’être éclipsées si les tensions politiques s’invitent de nouveau autour de la table.

Pour l’Algérie et l’Afrique du Sud, la TICAD est une tribune internationale de premier plan où elles tentent de légitimer le Polisario et de remettre la question du Sahara au centre de l’agenda diplomatique. Leur stratégie repose sur un activisme constant dans les forums africains et internationaux, souvent en contradiction avec la volonté de la majorité des pays africains de se concentrer sur des priorités économiques et sociales, rappelle le quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

En face, le Japon, soutenu par de nombreux États africains, entend protéger la TICAD des dérives politiciennes. Plusieurs diplomates africains rappellent que les tensions lors de la TICAD 8 ont été perçues comme un contretemps dommageable, détournant l’attention des projets de coopération. En maintenant sa position de principe, le Japon espère éviter la répétition d’incidents qui, par le passé, ont fait dérailler l’agenda de coopération.

L’issue dépendra de la capacité des organisateurs et des États participants à résister aux pressions et à défendre la vocation première de ce rendez-vous stratégique: l’avenir économique de l’Afrique.

Par La Rédaction
Le 11/08/2025 à 18h40