L’affaire Mahjouba continue de faire couler beaucoup d’encre … et de larmes. Cette jeune Sahraouie naturalisée espagnole devient, au bout d’un improbable voyage l’été dernier à Tindouf, une figure emblématique de l’humiliation que les femmes sahraouies, et la population séquestrée en général, continuent de subir dans leur âme et dans leur chair.
Moins d’un an après la séquestration de Mahjouba, empêchée en août dernier, de retourner chez ses parents adoptifs à Valence, sous prétexte que ses parents biologiques ne voulaient pas d'elle, voilà que ce psychodrame revient sur le devant de la scène, sous la plume incisive de l’illustre écrivain espagnol Vicent Soriano, à travers un livre qui promet de faire beaucoup parler de lui.
«Un cri de liberté depuis le sable, le cas de Mahjouba». Tel est le titre de ce brûlot qui vient interpeller, à nouveau, la conscience collective sur la persistance d’une pratique indigne du XXIème siècle héritée de la tristement célèbre époque de l’esclavage. C’est sur ce cas que la communauté autonome de Valence était venue méditer, samedi 25 avril, lors de la présentation du livre. Décrit sous forme de reportage, le livre revient sur la rétention de Mahjouba Mohamed Hamdi Daf, l’été dernier, par la direction du Polisario, avant que les autorités de Madrid, pressées par une forte mobilisation de l’opinion publique internationale, n’interviennent auprès des matons de Tindouf et leur sponsor algérien pour libérer la jeune victime.
Une impressionnante vague de solidarité s’est déclenchée sur les réseaux sociaux, avec en toile de fond l’image attristée de parents espagnols appelant, des larmes dans la voix, à la libération de leur fille adoptive, dont le seul «délit» est d’avoir voulu, à l’occasion des vacances d’été de 2014, rendre visite à ses parents biologiques et à sa grand-mère «malade». Mais ce n’est pas de cette oreille que les geôliers de Tindouf l’ont entendue, ne tenant compte ni de l’avenir de cette jeune brillante étudiante, ni du drame que pouvait lui causer la séparation avec sa ville d’adoption, Valence, qui l’a accueillie dès sa tendre enfance, encore moins pour le malheur que cela pouvait engendrer chez des parents adoptifs qui n’en reviennent toujours pas de ce cauchemar.
Mahjouba, un véritable conte de faits !
Pour restituer fidèlement l’esprit de cette tragédie, l’auteur du livre utilise la technique du reportage qui, à l’opposé de la démonstration inhérente à l’enquête, opte plutôt pour la monstration. Un a priori stylistique d’autant plus pertinent qu’il s’agit, par la technique du reportage, de montrer, pour mieux laisser parler les faits. Pas besoin de revenir, ici, sur les faits, ou pour être précis les «méfaits» subis par Mahjouba, ceux-ci ayant fait le tour des réseaux sociaux et des rédactions.
L’enjeu du livre est, comme son titre l’indique, «Un cri de liberté depuis le sable», est de montrer comment, au XXIème siècle, une pratique héritée d’un autre âge peut encore exister. L’esclavage, puisque c’est de cela qu’il s’agit, continue de sévir dans ce dernier vestige stalinien qu’est cette prison à ciel ouvert, Tindouf. Le cas Mahjouba n’est ici qu’une illustration de ce que la majorité des femmes séquestrées continuent de subir de la part d’une direction polisarienne qui continuent de les asservir, les avilir, en les réduisant à de simples machines à reproduire des enfants. Voilà la face cachée d’un front qui, très hypocritement, remue ciel et terre pour (nous) faire croire qu’il est « respectueux » des Droits de l’Homme, ceux-là mêmes qu’il se permet de piétiner au quotidien sans être inquiété par les "preux chevaliers" du droit-de-l’hommisme. Aminatou Haïdar, Kerry Kennedy, Javier Bardem, Pedro Almodovar ont brillé, sans jeu de mots, par leur absence lors de la présentation de ce pourtant strident «Cri de liberté depuis le sable», samedi dernier à Valence. Forcément, ils ont la tête dans les nuages. «Enfants des nuages» … Cause toujours, tu nous intéresses !