Affaire Brahim Ghali: l'Espagne prise au piège

Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol.

Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol. . DR

Revue de presseKiosque360. Le gouvernement espagnol subit des critiques acerbes depuis qu’il a accueilli le tortionnaire Brahim Ghali et maltraité les migrants à Sebta. L’opposition et les medias tirent à boulets rouges sur le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, qui a terni l’image de l’Espagne et de l’UE.

Le 20/05/2021 à 20h55

Depuis le déclenchement de la crise «Benbatouche», l’Espagne a, en accueillant un criminel de guerre, accumulé les erreurs au mépris de ses relations avec son partenaire historique et stratégique, le Maroc. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du jeudi 20 mai, que le gouvernement espagnol a fait l’objet de critiques acerbes aussi bien de la part de l’opposition que des medias.

Le président du gouvernement Pedro Sanchez a été particulièrement fustigé pour sa mauvaise gestion des relations avec le Maroc et sa fuite en avant en tentant d’impliquer l’UE. Ce sont les ministres des Affaires étrangères et de la défense qui ont été chargés de faire des déclarations hostiles au Maroc en l’accusant de chantage et en considérant la vague d’immigration vers la ville occupée de Sebta comme une «agression contre les frontières de l’Union européenne».

Les medias progouvernementaux ont même qualifié cet exode massif de complot ourdi par le Maroc. Une accusation qui a été formellement démentie, par les actes, quand on sait que les forces de l’ordre marocaines ont subi des dégâts corporels et matériels en empêchant les migrants d’entrer dans le préside occupé de Sebta.

Le journaliste et écrivain français Jérôme Besnard a affirmé que l’Espagne a ouvert la boite de pandore en accueillant sur son sol le chef du Polisario, poursuivi par la justice ibérique pour génocide et violation des droits humains. Pis encore, ajoute-t-il, le mauvais traitement infligé aux migrants par les autorités espagnoles à Sebta a mis dans l’embarras l’Union européenne. Loin du chauvinisme maladif affiché par certains responsables espagnols soutenus par des ennemis du Maroc au sein de la commission européenne, la presse espagnole indépendante n’a pas cessé d’inventorier les pertes que subit l’Espagne à cause de cette crise.

L’agence de presse EFE souligne que l’accueil de Brahim Ghali a provoqué une crise sans précédent entre l’Espagne et le Maroc. Normal, ajoute EFE, puisque le chef du Polisario est considéré comme «l’ennemi n’1» par un pays où la souveraineté sur le Sahara est considérée comme une «cause nationale», une doctrine et l’une des constantes du royaume, qui ne tolère aucune opposition. Une constante qui semble être bien perçue par le ministre de l’Intérieur espagnol qui a avoué avoir refusé l’entrée du tortionnaire polisarien sur le sol ibérique.

Pour sa part, le journal ABC a souligné, mercredi, que l’Espagne a commis une erreur grave et impardonnable en compromettant ses relations avec le Maroc quand il avait permis à l’ancien vice-président du gouvernement, Pablo Iglesias, de se prononcer sur la souveraineté du Sahara en essayant d’éluder la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité des provinces du sud.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que c’est le président du Parti populaire (opposition), Pablo Casado, qui a été le plus virulent à l’encontre du président du gouvernement Pedro Sanchez en l’accusant d’avoir commis une erreur monumentale en accueillant Brahim Ghali. Ce qu’a fait Sanchez, ajoute-t-il, a provoqué l’isolement de l’Espagne à l’échelle mondiale: «C’est pour cela que vous avez essayé, à maintes reprises, de contacter le président américain Joe Biden mais il vous a toujours ignoré», a martelé Casado en s’adressant directement au chef du gouvernement lors d’une séance parlementaire. C’est dire que les Etats-Unis, qui ont fait tomber les masques en reconnaissant la marocanité du Sahara, ont mis l’Espagne dans une position difficile.

C’est ce qui explique les tentatives du gouvernement de protester contre cette décision souveraine des Américains. Mieux encore, les dirigeants espagnols ont poussé l’effronterie jusqu’à demander à la nouvelle administration de Biden de revenir sur la décision de l’ancien président Trump. Sauf qu’après une longue attente et avec le déclenchement de la crise maroco-espagnole, l’administration américaine a pris deux importantes initiatives, infligeant ainsi un sérieux camouflet au gouvernement Sanchez. D’une part, les Etats-Unis ont publié le texte de la déclaration tripartite reconnaissant la marocanité du Sahara et d’autre part, le département américain vient de se concerter avec le Maroc sur ce qui passe en Palestine. Quant au chef du gouvernement espagnol, qui a essayé de bomber le torse en se rendant à Sebta, il a été accueilli par des insultes et des jets de pires par les habitants du préside occupé.

Par Hassan Benadad
Le 20/05/2021 à 20h55