Des voix au sein de l’Union européenne s’inquiètent de voir le Maroc signer un accord de pêche avec Pékin aux dépens de Bruxelles. Le magazine Jeune Afrique a consacré un dossier à ce sujet, dans lequel il évoque l’inquiétude de l’Europe.
Le magazine français souligne que l’Union est tombée dans son propre piège après la décision de la Cour de justice européenne d’annuler les accords agricoles et de pêche avec le Maroc, rapporte Assabah du week-end (30 novembre et 1er décembre). D’autant que la Chine dispose de nombreux bateaux de pêche au Maroc et qu’elle guettait, depuis des années, une erreur pour signer des accords avec Rabat.
Ce qui fait dire à l’auteur de l’article que «la situation peut paraître quelque peu paradoxale: alors que l’Espagne et la France ont franchi un pas historique en faveur de la marocanité du Sahara, la Cour de justice de l’Union européenne a décidé, en octobre, d’annuler l’accord de pêche liant les vingt-sept au royaume, au motif qu’il aurait été établi sans le consentement du peuple du Sahara occidental».
Un jugement qui a provoqué la colère aussi bien au Maroc qu’en Europe et plus particulièrement en Espagne. Dans un communiqué, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Haut représentant Josep Borrel, ont indiqué que «l’Union européenne entend fermement préserver et continuer à renforcer des relations étroites avec le Maroc dans tous les domaines du partenariat Maroc-UE, conformément au principe Pacta sunt servanda (les conventions doivent être respectées)». Tout en rappelant que l’accord annulé entré en vigueur en 2019 a permis à 128 navires de l’Union européenne de pêcher dans les eaux marocaines.
En effet, des autorisations ont été accordées à l’Allemagne, la France, l’Espagne, l’Irlande, l’Italie, la Lituanie, les Pays Bas, la Pologne et le Portugal. Le magazine Jeune Afrique souligne que l’Espagne est le bénéficiaire principal de cet accord avec 90 navires de pêche, relaie Assabah. C’est ce qui a poussé le chef de la diplomatie espagnole, Jose Manuel Albares, à réagir au lendemain de l’arrêt de la CJUE en déclarant que le gouvernement espagnol poursuivrait son action avec l’Union européenne et le Maroc pour préserver l’excellente relation avec Rabat et continuer à la développer.
Le magazine révèle que les inquiétudes européennes grandissent face à l’exploitation par la Chine de ce duel pour démultiplier ses navires de pêche dans les eaux marocaines. D’autant, ajoute la même source, que dès la publication de la décision de la CJUE, la Chine a signé, le 4 juillet, avec le Maroc, un protocole d’accord qui fut suivi par la courte visite du président de la Chine Xi Jinping à Casablanca le 22 novembre 2024.