A lui seul, il résume tout l’engagement du Maroc aux côtés de la France dans ces temps d’incertitude et de combat contre le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale. Dernier tirailleur marocain encore en vie, Salah Ben El Hadj, aujourd’hui âgé de 104 ans et qui, l’allure fière, s’est vu remettre les insignes de chevalier de l’Ordre national du mérite par le président de la République française Emmanuel Macron, en présence d’Abdellatif Loudiyi, ministre en charge de la Défense nationale, qui représentait le roi Mohammed VI.
Salah Ben El Hadj, ce sont six ans de combats acharnés contre la Wehrmacht et d’engagement au sein de l’armée française qu’il a rejoint dès 1939, à l’âge de 20 ans. D’abord affecté au 1er régiment de tirailleurs marocains, il rejoint par la suite le 64e régiment d’artillerie d’Afrique, avant d’embarquer pour la Corse en octobre 1943. Il prend part à la Campagne d’Italie à partir du 2 mai 1944, puis à la Campagne de France jusqu’au 8 mai 1945.
La cérémonie a eu lieu à Bastia, hier jeudi 28 septembre. Sobre, elle n’en était pas moins émouvante. Avec le chef de l’Etat français, Abdellatif Loudiyi a visité une exposition consacrée à la Corse pendant la Seconde Guerre mondiale et planté un «amandier du souvenir» dans le jardin du musée.
Le ministre et le président ont ensuite assisté à une cérémonie en mémoire des troupes qui participèrent à la libération de la Corse. Une fanfare marocaine a alors entamé les hymnes marocain puis français, avec en fond de décor les imposants ferries mouillant dans le port de Bastia. Deux chasseurs Mirage français ont aussi traversé le ciel au-dessus de la place.
Un rappel, s’il en fallait et comme le précise l’ambassade de France au Maroc dans un communiqué, «du rôle majeur joué par les combattants marocains pour la libération du premier territoire français».
Une épopée à laquelle ils étaient 85.000 soldats marocains à participer, en plus des 40.000 engagés pour la France lors de la Première Guerre mondiale. Tout commence le 3 septembre 1939, quand la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre au IIIe Reich, en réponse à son attaque contre la Pologne deux jours plus tôt. C’est le début de la 2e Guerre mondiale en Europe.
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Le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, qui deviendra le roi Mohammed V, exprime alors son soutien inconditionnel et total à la France contre l’Allemagne nazie dans son célèbre appel du 3 septembre 1939, lu dans toutes les mosquées du pays les jours suivants. Des dizaines de milliers de Marocains s’engagent dans l’armée française au cours de ce conflit et vont s’illustrer brillamment. Près de 10.000 y laisseront la vie. On comptera également des milliers de blessés et grands mutilés.
Les vaillants goumiers se distingueront en Corse, mais aussi dans la très dure campagne d’Italie, lors des combats de Garigliano, avec une entrée triomphale dans Rome en 1944, dans le débarquement en Provence le 15 août 1944 et la campagne de France, marquée par ses violents combats de Marseille, Mulhouse et Strasbourg, sans oublier la campagne d’Allemagne en 1945 et l’occupation de l’Autriche.
En geste de reconnaissance, le sultan du Maroc est fait Compagnon de la libération par le général De Gaulle le 18 juin 1945 à Paris en reconnaissance des sacrifices consentis par son peuple pour soutenir l’effort de guerre de la France. A cette occasion, sur les Champs-Élysées, les goumiers marocains sont acclamés par la foule lors du défilé célébrant l’appel du général De Gaulle à Londres et la Victoire. Près de 80 ans plus tard, leur bravoure et leur dévouement sont encore dans les mémoires.