L’Arabie saoudite a annoncé hier mardi 1er août une aide de 1,2 milliard de dollars pour le gouvernement internationalement reconnu du Yémen, la dernière tentative pour soutenir l’économie chancelante du pays déchiré par la guerre.
Ces fonds aideront le gouvernement à faire face à son déficit budgétaire et financera également les salaires des fonctionnaires, ainsi qu’un «soutien pour assurer la sécurité alimentaire», a rapporté l’agence de presse saoudienne officielle SPA.
Un premier versement de 250 millions de dollars devait être fait dès ce mercredi, a déclaré à l’AFP un responsable yéménite, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, n’étant pas autorisé à informer la presse. «Cet argent contribuera à atténuer la pression sur l’économie» du pays, a déclaré le ministre yéménite des Finances Salem ben Brik lors d’une cérémonie de signature à Ryad.
Huit ans de conflit
Pays déjà le plus pauvre de la péninsule arabique, le Yémen a vu son économie s’effondrer en huit années de guerre opposant les rebelles Houthis, proches de l’Iran, et le gouvernement, soutenu depuis 2015 par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite.
Les violences ont largement diminué au Yémen depuis une trêve négociée par l’ONU en avril 2022, arrivée à expiration en octobre mais encore respectée. Plus des trois quarts de la population dépendent encore cependant de l’aide internationale pour survivre.
Le conflit a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, toutes les parties, dont l’Arabie saoudite, ayant été accusées par des experts de l’ONU de s’être livrées à des crimes de guerre. Les Yéménites sont par ailleurs pris au piège d’une «guerre économique» entre les belligérants qui contrôlent chacun une partie du pays, avait regretté à la mi-juin l’émissaire de l’ONU, Hans Grundberg.
Fin 2022, des attaques de drones des Houthis sur des terminaux pétroliers avaient privé les autorités yéménites de leurs modestes exportations d’hydrocarbures, leur principale source de revenus, aggravant la dégringolade de la monnaie nationale.
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Le gouvernement, dont la plupart des membres sont basés en Arabie saoudite, peine toujours à financer les services de bases et les salaires de ses fonctionnaires, sans compter ceux vivant dans les zones contrôlées par les Houthis, comme la capitale Sanaa, qui n’ont pas été payés depuis des années.
Consolider la «désescalade»
Les Houthis accusent de leur côté la riche monarchie pétrolière voisine de maintenir un blocus aérien et maritime sur le Yémen, ce qui complique l’arrivée de marchandises, Ryad disant vouloir seulement empêcher l’acheminement d’armes. Les ONG ont aussi reproché aux Houthis d’entraver le travail des humanitaires.
Un accord de rapprochement surprise annoncé en mars entre l’Arabie saoudite et l’Iran, qui soutient les Houthis, a fait naître l’espoir d’un cessez-le-feu durable au Yémen. Le mois suivant, l’ambassadeur saoudien Mohammed al-Jaber s’est rendu à Sanaa pour des entretiens avec des responsables Houthis qui se sont terminés sans accord.
Lors de la cérémonie de signature mardi, M. Jaber a déclaré que la subvention de 1,2 milliard de dollars était «l’une des mesures prises par l’Arabie saoudite pour soutenir la paix» et la «désescalade». «Nous continuerons à parler aux Houthis ainsi qu’au gouvernement du Yémen pour apporter la paix et la stabilité au Yémen», a-t-il déclaré, sans donner de détails sur les prochaines étapes des pourparlers.