Après la répression et les obstructions policières contre les manifestations estudiantines de mardi dernier, le régime a choisi, ce vendredi 30 avril 2021, de bloquer toute une région, celle de l’ouest, pour y empêcher les manifestations hebdomadaires du Hirak. A Oran et Tlemcen, les plus grandes villes de l’ouest, les manifestants sont bien sortis en grand nombre, mais ils ont été confinés dans le centre-ville par un imposant dispositif des forces de l’ordre et interdits de marcher à travers les artères principales de ces deux villes, comme ils en ont l’habitude.
Dans les autres villes, des centaines de milliers d’Algériens ont marché dans la rue. A Alger, une foule immense a inondé Bab El Oued et le centre-ville, et les manifestants ont scandé, en plus des slogans de base exigeant le départ des généraux et de Tebboune, d’autres slogans qui collent bien à l’actualité.
Le régime cherche à coller l’épithète de terroristes à ceux qui s’y s’opposent, les manifestants ont crié «Dawla irhabiya, machi Rachad» (l'Etat est terroriste, pas le mouvement Rachad). Et ce même peuple a fait un feu d’artifice à l’un des fondateurs de ce mouvement, un ancien diplomate réfugié au Royaume-Uni très actif sur les réseaux sociaux: «Larbi Zitout siyassi horr» (Larbi Zitout est un politologue libre).
En réponse également aux tentatives du régime de diviser les Algériens et de diaboliser les Kabyles, les manifestants ont réagi en rappelant que le peuple reste fortement uni face aux généraux: «les Algériens khawa, khawa ou chaab twahad ya khawana» (les Algériens sont des frères et le peuple s’est unifié, bande de traîtres).
Les manifestants ont même interpellés à cette occasion les policiers présents sur les lieux: «n’touma hagarine ettalaba, hamyine les généraux» (vous êtes les oppresseurs/ humiliateurs des étudiants et les gardiens des généraux). Les étudiants ont été empêchés par les forces de l’ordre de manifester mardi dernier. Nombre d’entre eux ont été détenus. Les manifestants de ce 115e vendredi ont crié qu’ils allaient marcher avec les étudiants mardi prochain.
Durant ce vendredi, le peuple algérien a fait part de sa détermination à continuer de manifester jusqu’au départ des généraux et de «Tebboune l’usurpateur» qu’ils ont placé à la tête du pays. «Ya khawana, wallah ma nahbsouch, Achaâb yurid l’istiqlal» (traîtres, nous vous jurons que nous ne nous arrêterons pas car le peuple veut l’indépendance). Ou encore «Chaab marouch habass, idiwna gaa lhbass» (le peuple ne s’arrêtera pas, mettez-nous tous en prison).
Il faut aussi rappeler les nombreux slogans, comme «la répression ne nous fait pas peur», de solidarité avec Karim Tabbou, figure de proue du Hirak, actuellement sous contrôle judiciaire, après avoir passé la nuit de mercredi à jeudi derniers en garde à vue pour avoir conspué un homme du régime qui n’avait rien à faire à l’enterrement d’un militant des droits de l’homme.
De même les manifestants ont exigé la libération immédiate des nombreux étudiants et autres hirakistes emprisonnés: «Libérez les otages». Le pays entier est pris en otage par un gang. Et les voix qui ont crié très fort malgré le jeûne «achaab yourid al istiqlal» (le peuple veut l’indépendance) ont dû faire trembler la junte militaire au pouvoir.
Le régime algérien est dans une impasse. Ni la répression, ni les intimidations, ni les accusations farfelues de terrorisme, ni la menace d’une main extérieure n’ont réussi à détourner les Algériens de cet objectif: chasser du pouvoir les généraux et le président qu’ils ont imposé au peuple. Que va faire le régime illégitime?