«Il faudra surtout parler du vocabulaire dépassé, inadapté, dévalorisant qui réside encore dans vos discours et dans celui de vos institutions lorsque vous vous adressez à l’Afrique». C’est ainsi que Ragnimwendé Eldaa Koama, entrepreneuse burkinabè, invitée à débattre avec le président de la République française, en compagnie de dix autres acteurs de la société civile du continent africain, a entamé son discours.
Sous les applaudissements de la salle qui lui a même offert une standing ovation, la jeune femme, coach et formatrice de profession a vertement critiqué, lors de ce sommet Afrique-France, l’assistanat de l’Afrique par la France. «Sachez que l’Afrique se développera par elle-même, par le potentiel local et solide de la diaspora, et certainement dans l’interdépendance avec les autres nations de la planète. Mais surtout à travers des collaborations saines, transparentes, constructives», a-t-elle ainsi clamé face à Emmanuel Macron, tantôt hilare, tantôt désappointé.
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«Il y a des têtes bien faites, il y a des investisseurs aussi en Afrique. Nous innovons déjà en Afrique», a insité la jeune femme, elle-même titulaire d’un master en management des systèmes informatiques et d’une licence en ingénierie des travaux informatiques.
Lors de cette 28e édition de l’évènement qui convie d’ordinaire les chefs d’Etat à débattre avec le président français, Ragnimwendé Eldaa Koama a qualifié «l’aide au développement», organisée par la France en Afrique de dispositif qui «rend esclave» et «empêche les peuples de s’en sortir par eux-mêmes». «Cela fait près d’un siècle que votre aide au développement se balade en Afrique. Ça ne marche pas», a-t-elle poursuivi en citant entre autres, Joseph Ki-Zerbo, historien et homme politique burkinabè: «on ne développe pas, on se développe».
Et de conclure sur une comparaison qui, si elle a fait sourire Emmanuel Macron, a fait mouche, «si la relation entre les pays d’Afrique et la France était une marmite, sachez qu’elle est très sale, cette marmite. Elle est sale de reconnaissance légère des exactions commises, elle est sale de corruption, de non transparence, de vocabulaire dévalorisant, elle est sale, Monsieur le Président!». Et la jeune femme d’inviter Emmanuel Macron «à la récurer». Car selon elle, «si on doit vivre ensemble, ça se fera dans l’interdépendance, mais surtout dans le respect et dans la valorisation des uns et des autres».