Vidéo. Pour Éric Zemmour, les enfants migrants isolés sont de potentiels violeurs, assassins et voleurs

Eric Zemmour, polémiste de la chaîne CNews sur la plateau de l'émission "Face à l'info".

Eric Zemmour, polémiste de la chaîne CNews sur la plateau de l'émission Face à l'info. . DR

Le 02/10/2020 à 12h18

VidéoLe polémiste français Éric Zemmour est à nouveau sous le feu des critiques et sous le coup de plusieurs plaintes après s’être illustré à la télévision avec des propos racistes et haineux à l'encontre des migrants.

Eric Zemmour n’en finit plus de franchir toutes les lignes rouges, peu inquiet, semble-t-il, des conséquences de ses paroles. Intervenant sur le plateau de l’émission «Face à l’info» sur CNews, la chaîne télévisée qui l’emploie en tant que chroniqueur, celui-ci s’en est pris aux mineurs migrants isolés, à la suite de l’attentat du 25 septembre rue Nicolas-Appert, où se situaient les anciens locaux de Charlie Hebdo.

Pour rappel, le Pakistanais à l’origine de l’agression à l’arme blanche de plusieurs personnes ce jour-là avait déclaré être âgé de 18 ans avant de revenir sur sa première déclaration en avouant en fait en avoir 25. Eric Zemmour n’a donc pas manqué l’occasion de s’emparer d’un sujet qui lui est cher: la migration et ses méfaits.

«Il faut renverser la table. Il faut que ces jeunes, tous issus de l’immigration, ne viennent plus ici. Parce qu’ils n’ont rien à faire ici. Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs. C’est tout ce qu’ils sont. Il faut les renvoyer. Il ne faut même pas les laisser entrer. Pour cela, il faut sortir de la Cour européenne des droits de l’homme [CEDH], qui est l’origine du mal», a lancé Eric Zemmour avec sa véhémence habituelle.

Face à la polémique suscitée par ses propos, celui-ci est revenu sur le sujet lors de l'émission suivante, mais en maintenant ses propos -qu'il atténue toutefois quelque peu- et en les assumant.

A quoi joue CNews?Face à ce déferlement de haine, la journaliste Christine Kelly a mollement tenté de modérer le polémiste. «Pas tous!», a-t-elle réagi avant de conclure, «ces propos vous appartiennent et [n’engagent] pas CNews».

Toutefois, si les propos d’Eric Zemmour n’engagent que lui, la responsabilité de la chaîne est aussi pointée du doigt, d’autant que l’émission est diffusée avec un différé de 30 minutes depuis le début de l’année, et ce pour assurer non seulement une parfaite maîtrise éditoriale, mais aussi prévenir les manquements éthiques.

Alors, comment expliquer que les propos d’Eric Zemmour n’aient pas été coupés au montage? CNews a-t-elle estimé que son discours était justifié? Si le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a déclenché l’article 40 du Code de procédure pénale, qui l’oblige à signaler au procureur toute infraction dont il a connaissance, on attend encore la nature de la sanction prise contre la chaîne. Ce ne serait pas la première fois que CNews serait mise en demeure à cause de propos tenus par ce même Eric Zemmour. 

Si la direction de la chaîne ne s'est pas exprimée, la société des rédacteurs de CNews a en revanche publié un communiqué sur Twitter afin de se désolidariser d'Eric Zemmour et d'appeler à ne pas boycotter la chaîne. 

Quant à Christine Kelly à laquelle il a été reproché de ne pas avoir recadré le polémiste, celle-ci a répondu lors de l'émission suivante face caméra. «Éric Zemmour, vous avez tenu des propos qui vous valent d’être très fortement critiqués, nous n’allons pas les rediffuser, nous allons tout de même écouter les propos qui ont été tenus juste après ceux qui ont fait l’objet de critiques», a-t-elle annoncé avant de diffuser un court extrait de l’émission dont il est question.

«Avant de vous laisser répondre, je veux tout de même dire, ainsi qu’aux téléspectateurs, qui sont de plus en plus nombreux à nous suivre, que l’ensemble de la rédaction de CNews, à laquelle j’appartiens et qui est très attachée au débat d’idées, à la libre expression de tous les courants de pensée, ne partage pas ces propos, ils ne sont que l’expression de votre point de vue, et pas du point de vue de CNews», a-t-elle conclu.

Les départements français montent au créneauDu côté du polémiste, celui-ci est déjà fixé sur son sort. Jeudi 1er octobre, le parquet de Paris a en effet annoncé avoir ouvert une enquête pour «provocation à la haine raciale» et «injures publiques à caractère raciste», confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne.

Cette enquête a été ouverte suite aux nombreuses plaintes déposées contre Eric Zemmour, à commencer par celle du département de Loire-Atlantique. «Les paroles qu'il a tenues sur un plateau de télévision sont abjectes et racistes. Elles constituent une véritable incitation à la haine et portent atteinte aux mineurs dont le département de Loire-Atlantique s'est vu confier la tutelle. A ce titre, notre collectivité va déposer plainte contre ce récidiviste, déjà condamné pour injure», écrit dans un communiqué le président du département, Philippe Grosvalet (PS).

Le Conseil départemental du Gers, par la voix de son président Philippe Martin (PS), lui a emboîté le pas en annonçant vendredi entamer à son tour une procédure contre le polémiste.

De son côté, le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, a annoncé le dépôt d'une plainte de l'association contre Eric Zemmour et la saisine du CSA.

 

Par Zineb Ibnouzahir
Le 02/10/2020 à 12h18