La journée de jeudi commençait à peine pour les quelque 70 salariés de ce studio de la société Kyoto Animation quand un homme a fait irruption, répandant de l'essence avant de l'enflammer en criant "Vous allez mourir", selon des témoignages.
L'incendie s'est rapidement propagé dans l'immeuble de deux étages, embrasant la cage d'escalier et prenant au piège de nombreuses victimes qui tentaient de rejoindre le toit-terrasse.
Les pompiers ont reçu les premiers appels aux alentours de 10H30 heure locale, des riverains parlant d'explosions.
Il leur a fallu plusieurs heures, avec l'aide de plus de 35 véhicules, pour éteindre le feu et pouvoir accéder à l'intérieur, où ils ont découvert les corps.
La plupart des 33 victimes sont des salariés de la société Kyoto Animation, très connue dans le monde de l'animation. Selon la police, 12 des victimes étaient des hommes, 20 des femmes. Une n'a pu être identifiée.
Leur âge n'était pas connu dans l'immédiat mais, selon des voisins, les employés de la compagnie étaient pour beaucoup de jeunes gens.
"Ce sont ces personnes qui portent l'industrie de l'animation japonaise sur leurs épaules", a rendu hommage le président de Kyoto Animation, Hideaki Hatta, devant la presse. "Ca brise le cœur. Des joyaux japonais ont été perdus".
D'après les premiers éléments de l'enquête rapportés par les médias, le suspect est un homme de 41 ans, domicilié à Saitama, au nord de Tokyo, selon son permis de conduire.
Il a dans un premier temps avoué mais a ensuite perdu conscience, souffrant de graves blessures, et se trouve actuellement hospitalisé sous surveillance policière, d'après des informations de presse.
Son mobile reste flou à ce stade. Il n'avait apparemment pas de lien avec la société Kyoto Animation mais des médias rapportent qu'il a accusé le studio de plagiat, même si ces propos restent très ambigus.
Selon la chaîne publique NHK, l'homme, qui souffre d'une maladie mentale, a passé trois ans et demi en prison pour avoir commis un vol dans une supérette en 2012.
Kyoto Animation produit des dessins animés, conçoit et vend des produits dérivés de ses séries souvent tirées de manga, dont Munto, Lucky Star, la Mélancolie de Haruhi Suzumiya ou encore K-On!
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Cette compagnie fondée en 1981, dont le siège est situé dans la ville d'Uji, non loin de Kyoto, gère une école d'animation et deux immeubles de studios (dont celui qui a été incendié). Elle emploie au total près de 160 personnes.
Si de nombreux studios sont basés à Tokyo, la société, connue par ses fans sous le nom de KyoAni et ses conditions de travail meilleures qu'ailleurs, était attachée au raffinement de sa production et à son implantation dans l'ancienne capitale impériale du Japon, Kyoto, selon la presse.
Ses graphismes élaborés étaient salués par ses admirateurs, qui parlaient même de "qualité KyoAni", et deux hashtags de soutien ont rapidement été créés pour Twitter: #KyoAniStrong et #PrayForKyoAni.
Les tueries de masse sont rares au Japon, qui dispose d'une législation de contrôle des armes très stricte et d'un taux de criminalité relativement faible. Mais l'archipel est parfois le théâtre de déchaînements de violence aveugle.
Avant le drame de Kyoto, d'autres incendies meurtriers ont endeuillé le pays, comme en septembre 2008 à Osaka quand 16 personnes avaient été tuées dans le feu d'un magasin de location de vidéos. L'incendiaire reconnu coupable a été condamné à la peine capitale en décembre 2009 et se trouve dans le couloir de la mort.
En 2001, un incendie consécutif à une explosion avait dévasté un immeuble à Tokyo abritant des salles de jeux: 44 personnes avaient péri. L'origine était très probablement criminelle selon la police, mais l'enquête toujours en cours.
Parmi les autres attaques marquantes, un jeune homme avait tué en juillet 2016 à l'arme blanche 19 personnes dans un centre pour handicapés mentaux en banlieue de Tokyo.