Vidéo. France: après les grillages, un mur pour bloquer les migrants de Calais

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D'ici quelques mois, un mur protégera les accès au port de Calais, dans le nord de la France, des tentatives répétées des migrants de passer clandestinement en Grande-Bretagne. Cette initiative a soulevé une polémique des deux côtés de la Manche.

Le 10/09/2016 à 16h07

Ce mur "anti-intrusion", d'un kilomètre de long et de quatre mètres de haut, doit être construit de chaque côté de la rocade menant au port de Calais. 

Il prolongera les clôtures grillagées mises en place depuis mi-2015 pour protéger le site du tunnel sous la Manche (39 km de grillages), ainsi que le port et la rocade (30 km). Des panneaux de béton armé seront glissées dans des supports métalliques, ce qui permettra de le démonter s'il devenait inutile. Il sera végétalisé côté circulation et équipé de caméras et système d'éclairage pour surveiller les tentatives de franchissement. 

Le chantier, financé par la Grande-Bretagne, devrait coûter 2,7 millions d'euros. "Toutes les commandes sont passées et le défrichage, qui a commencé la semaine dernière, est terminé. Dans une dizaine de jours, on va commencer à couler le béton", affirme Puissesseau. 

Selon le calendrier prévisionnel, le débroussaillage doit durer quatre semaines, la construction du mur huit à douze semaines, la végétalisation six semaines et l'installation du système de vidéosurveillance et d'éclairage, huit semaines. Les autorités locales misent sur un chantier achevé en fin d'année. 

Entre 6.900 et 9.000 réfugiés, selon les sources, vivent dans ce qui est surnommé "La jungle" de Calais, le plus grand bidonville de France. Située à proximité, la rocade est régulièrement prise d'assaut par des migrants qui tentent de bloquer les camions pour monter à bord et rejoindre clandestinement le Royaume-Uni. 

"Ce mur va empêcher les migrants d'envahir l'autoroute toutes les nuits. Ils placent des troncs d'arbre, des branchages, des bonbonnes de gaz...On ne peut plus continuer à subir ces assauts répétés", explique Jean-Marc Puissesseau, le PDG du port de Calais. Selon la préfecture, "la sécurisation des platesformes trans-Manche répond à une stratégie globale de long terme pour diminuer l'attractivité du Calaisis pour les passeurs". 

Mais les élus régionaux sont sceptiques. Natacha Bouchart, la maire de Calais, juge que ce mur n'a "plus lieu d'être", puisque le gouvernement a assuré vouloir fermer la jungle "le plus rapidement possible". Les bénévoles de "La jungle" sont majoritairement opposés à ce projet. Pour Philippe Wannesson, auteur du blog "Passeurs d'hospitalités", c'est "un projet inutile et coûteux" déplaçant "de 2 ou 3 km les tentatives de passage". 

Selon le syndicaliste policier Gilles Debove, le mur devrait libérer "25 fonctionnaires de police", mais contribuera à "repousser le problème sur l'autoroute A16", toute proche. Au Royaume-Uni, le projet a suscité de nombreuses critiques. La députée écologiste Caroline Lucas a qualifié le mur de "monstrueux". Le collectif Citizens a demandé que l'argent dépensé soit plutôt utilisé pour faire venir des mineurs bloqués à Calais ayant de la famille au Royaume-Uni. 

A la chute du mur de Berlin, il y avait 16 murs défendant des frontières dans le monde. Il y en a aujourd'hui 65, terminés ou en voie de l'être, selon la chercheuse Elisabeth Vallet, de l'université de Québec. Du mur de séparation israélien, à la barrière de barbelés de 4.000 kilomètres que l'Inde construit à sa frontière avec le Bangladesh, ou à l'énorme digue de sable qui sépare le Maroc des régions tenues dans le Sahara par la rébellion du Polisario, les exemples se trouvent sur tous les continents. 

Le candidat républicain à la Maison Blanche, Donald Trump, promet, s'il est élu, de construire un mur de 1.600 km à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. 

Le 10/09/2016 à 16h07