Six jours après son retour en Algérie, le président assis, Abdelmadjid Tebboune, a tenu son premier Conseil des ministres. Une réunion de rattrapage pour le chef de l’Etat resté sans nouvelles du pays pendant ses deux mois d’hospitalisation en Allemagne. Le bilan des secteurs «vitaux» de l’économie lui a été ainsi présenté par le premier ministre, Abdelaziz Djerad. Un état des lieux qui n’a pas été satisfaisant.
«Pour le président Tebboune, le bilan des performances ministérielles pour 2020 est plutôt mitigé avec du positif et du négatif», indique le communiqué de la présidence, relayé par les médias algériens, qui ont diffusé les images de cette réunion, tenue le dimanche 3 janvier au palais El Mouradia.
Pour la douzaine de secteurs passés en revue lors de cette réunion ministérielle, le président a trouvé à redire. «Approvisionnement en eau par des méthodes rudimentaires», «manque de transparence au niveau des banques», «retard dans la numérisation des différents secteurs sensibles d’importance économique»… sont entre autres lacunes relevées, selon le communiqué. Un aveu implicite de la présidence que tous les secteurs de l’économie algérienne sont sinistrés.
Aucune mesure concrète ni statistique ne sont contenues dans ce bilan présidentiel. Abdelmadjid Tebboune déplore lui-même le «manque d’outils nécessaires à la mise en place des politiques publiques ni à leur évaluation».
Et tout porte à croire qu’il ne faut pas compter sur le président pour sortir l’économie algérienne de sa léthargie, pour ne pas dire son naufrage. Les orientations données aux ministres durant cette réunion sont dénuées de toute vision stratégique ou approche de développement sur le moyen terme. Elles sont même parfois abscons à l’image de cet appel au gouvernement à «doubler d'efforts pour le renforcement des différents mécanismes dédiés à la femme au foyer, à même de l'encourager à adhérer au processus de production nationale.»
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Là où les instructions du président sont limpides et directes, c’est quand il donne des ordres qui donneraient des sueurs froides au plus intègre des opérateurs économiques. «Un travail d’inspection à mener dans toutes les banques!», «ouverture d’une enquête sur l’affaire d’importation de blé avarié!», «audit au sein de l’Office algérien interprofessionnel des céréales!»… voilà en quoi se résument les orientations du représentant du régime vert-kaki.
Le bâton boumédienien est substitué à une politique d’Etat ou une stratégie sereine de restauration d’une économie, structurellement dépendante de la rente des hydrocarbures qui tarit comme une peau de chagrin. A défaut de disposer d’un cabinet productif et inventif, Abdelmadjid Tebboune se contente de constater les dégâts de sa gouvernance sur une économie algérienne très mal en point. En donnant des instructions tous azimuts, mais dénuées de sens, il semble désespéré comme un général qui se sait contraint à la capitulation.
Et encore, le panorama catastrophique dressé au président de la République reste incomplet. Le cœur battant de l’économie algérienne, le secteur des hydrocarbures, n’a pas été abordé durant cette réunion ministérielle, alors que le bilan de la Sonatrach a été des plus désastreux en 2020, comme l’a révélé récemment une enquête du média Algerie Part. Peut-être qu’on a voulu ménager le président assis. C’est que Abdemadjid Tebboune est toujours en convalescence…