Soudan: à Jeddah, les belligérants signent un accord pour respecter les règles humanitaires

Les émissaires de l'armée soudanaise et des FSR, entourés d'officiels saoudiens, lors de la signature de la Déclaration de Jeddah, retransmise sur la chaîne de télévision saoudienne Al-Ekhbariya, le 11 mai 2023.

Au terme de six jours de négociations en Arabie saoudite, les émissaires de l’armée soudanaise et des Forces de soutien rapide ont signé un accord permettant d’'ouvrir le passage aux aides humanitaires et aux civils qui fuient les combats. Cet accord ne mentionne toutefois aucune trêve ou cessez-le-feu entre les belligérants.

Le 12/05/2023 à 07h10

Les belligérants au Soudan ont signé dans la nuit de jeudi à vendredi en Arabie saoudite un accord prévoyant de dégager des couloirs pour permettre aux civils pris au piège de sortir des zones de combat tout en laissant entrer l’aide humanitaire.

Au terme de six jours de négociations, les émissaires de l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo ont signé cette «déclaration de Jeddah pour la protection des civils au Soudan». Celle-ci ne mentionne cependant aucune trêve ou cessez-le-feu, après près d’un mois de combats qui ont fait plus de 750 morts, 5.000 blessés et plus de 900.000 déplacés et réfugiés.

Les deux camps s’accusent mutuellement de tuer des civils: l’armée assure que les FSR, dont les bases sont disséminées dans des quartiers de Khartoum, de s’en servir de «boucliers humains» et les FSR dénoncent les raids aériens de l’armée sur la capitale.

Nombreuses trêves violées

L’accord prévoit de «créer des passages sécurisés pour que les civils puissent quitter les zones de combats vers la direction de leur choix», et «d’autoriser et faciliter rapidement le passage de l’aide humanitaire» ainsi que «le passage des humanitaires vers et dans le pays».

Depuis quatre semaines, des millions de Soudanais, principalement à Khartoum et au Darfour, dans l’ouest frontalier du Tchad, sont barricadés chez eux, sans eau courante ni électricité, par peur de sortir et d’être fauchés par une balle perdue. La nourriture et l’argent commencent à manquer et l’ONU prévient d’une montée en flèche de la faim, un fléau qui afflige de longue date le Soudan, l’un des pays les plus pauvres au monde.

Jusqu’ici, Américains et Saoudiens ont annoncé avoir obtenu des deux camps une demi-douzaine de promesses de trêve, toutes violées dans les minutes suivant leur entrée en vigueur théorique. Les négociations vont continuer pour parvenir à une nouvelle trêve, pouvant aller jusqu’à dix jours, selon un communiqué du département d’Etat américain.

«Alléger les souffrances des Soudanais»

Washington espère que cet accord créera une «dynamique» pouvant aboutir à l’acheminement d’aide, a expliqué une responsable américaine sous couvert d’anonymat. Mais l’armée et les paramilitaires n’en sont «pas encore là».

L’ONU, l’Union africaine et l’Igad -le bloc de l’Afrique de l’Est dont le Soudan fait partie- ont salué dans un communiqué commun la déclaration de Jeddah, «un premier pas important pour alléger les souffrances des Soudanais». Sur le terrain jeudi toutefois, combats, raids aériens et pillages désormais généralisés n’ont pas cessé dans différents quartiers de Khartoum.

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a, lui, condamné «fermement la violence injustifiée» après que son bureau a reçu plusieurs rapports faisant état de violences sexuelles, d’exécutions et de disparitions forcées. Il a accusé les deux camps de «bafouer le droit humanitaire international, notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution».

La situation est probablement la plus sensible au Darfour, déchiré dans les années 2000 par une guerre sanglante, où 450 personnes selon l’ONU sont mortes dans les récents combats auxquels prennent part, outre militaires et paramilitaires, des civils armés et des combattants tribaux ou de groupes armés locaux.

Par Le360 (avec AFP)
Le 12/05/2023 à 07h10