«La question de fond, c’est qu’est-ce que viennent faire des drapeaux dans un mariage? On n’est pas au match de foot […] Les drapeaux, on ne les voyait pas il y a quelques années. Posons-nous la question: pourquoi ces drapeaux envahissent l’espace public?», interrogeait Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice LR du Val d’Oise au Sénat français.
Ces propos et ces interrogations ont été émises lors de l’examen du projet de loi confortant les principes de la République, au cours duquel la droite sénatoriale a voté un amendement qui permet aux maires d’interdire de brandir des drapeaux étrangers à certaines occasions.
En effet, le maire serait ainsi, selon ce texte de loi en projet, autorisé à «réglementer le fait d’arborer des drapeaux autres que ceux de la République française ou de l’Union européenne lors de la célébration de mariages ou de l’enregistrement de pactes civils de solidarité».
Le projet de loi contre le séparatisme, rebaptisé «projet de loi confortant le respect des principes de la République», a été complété au lendemain de la mort de Samuel Paty, professeur d'histoire assassiné, avec de nouvelles dispositions prises contre la haine en ligne. Adopté le 9 décembre 2020 en Conseil des ministres, le texte de loi, qui vise à lutter contre l’islam radical et les «séparatismes» a été adopté à la mi-février dernier à l’Assemblée nationale française. Il est désormais examiné au Sénat, sur fond de polémiques sur la laïcité et les questions identitaires.
En effet, devant la position prônée par la droite sénatoriale, les écologistes dénoncent, eux, «un amendement scandaleux, à la limite du racisme d’Etat», selon Thomas Dossus, sénateur écologiste. Et Esther Benbassa d’abonder dans le sens de son collègue en y voyant quant à elle, une attaque directe contre les Marocains, les Algériens, et les musulmans en général.
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«On va interdire aux Algériens aux Marocains… de se marier aussi ? […] Vous rejetez complètement des personnes qui font partie de notre Nation […] Vous attaquez et empêchez les musulmans de vivre normalement», s’est-elle écriée, prédisant qu’en agissant de la sorte, la France pousserait certains de ces musulmans à devenir des salafistes.
La ministre en charge de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, a, elle aussi, émis un avis défavorable. «J’ai le sentiment qu’on fait dire beaucoup de choses aux drapeaux dans ce débat […] On a chacun des avis personnels sur la manière dont nous avons célébré des mariages ou notre propre mariage […] comme rappeler avec fierté qu’on célèbre un mariage mixte avec un drapeau français et celui d’un autre pays, ça ne me choque pas», a-t-elle jugé.