Russie: offensive avant les négociations avec Washington, Kiev sous les bombes

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue américain Donald Trump, alors candidat du parti républicain à la présidentielle, le 27 septembre 2024, à New York, aux États-Unis.

La Russie a dit aborder dans un état d’esprit « combatif et constructif » une série de négociations sur le dossier ukrainien prévues à partir de dimanche avec les Américains en Arabie saoudite, précédées d’une attaque de drones meurtrière à Kiev.

Le 23/03/2025 à 08h31

Des délégations ukrainienne et américaine doivent se retrouver dès dimanche en Arabie saoudite, a annoncé samedi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Telegram, après avoir réuni son cabinet militaire à Kharkiv, ville proche de la frontière russe, en première ligne de l’offensive lancée il y a trois ans par l’armée du Kremlin.

Puis, lundi, sont prévues des discussions concomitantes entre Ukrainiens et Américains d’un côté, et Russes et Américains de l’autre. Il s’agira pour ces acteurs de tenter de s’accorder sur une trêve des attaques visant les infrastructures énergétiques des deux camps.

L’Ukraine, sous la pression de l’administration de Donald Trump, affirme être toujours «prête» à un cessez-le-feu complet, option pour le moment difficilement envisageable pour Vladimir Poutine tant que des forces ukrainiennes se trouvent sur le sol russe, dans la région frontalière de Koursk.

«Nous espérons réaliser au moins quelques progrès», a déclaré samedi l’un des négociateurs russes, Grigori Karassine, à la chaîne de télévision publique Zvezda.

«L’état d’esprit de Sergueï Orestovitch (Besseda, l’autre négociateur, NDLR) et de moi-même est combatif et constructif», a-t-il ajouté dans cet entretien avant leur départ prévu dimanche pour l’Arabie saoudite.

Sergueï Besseda est, lui, un cadre des services de sécurité russes, le FSB, mais leur profil tranche avec le CV des envoyés russes lors des premières discussions russo-américaines en Arabie saoudite mi-février, lorsque le très expérimenté chef de la diplomatie Sergueï Lavrov avait mené la délégation arrivant de Moscou.

«Pas un mauvais type»

En parallèle des discussions diplomatiques, la Russie continue d’attaquer son voisin ukrainien, l’armée de Kiev tentant en réponse de frapper le territoire russe pour dérégler la logistique des forces de Moscou.

La nuit de samedi à dimanche a encore été marquée par une attaque de drones russes sur Kiev, qualifiée de «massive» par le maire Vitali Klitschko et provoquant des dégâts dans au moins cinq quartiers de la capitale et plusieurs localités de sa périphérie.

Deux personnes ont été tuées dans deux endroits distincts de Kiev, selon les services de secours.

L’armée russe a indiqué de son côté avoir intercepté 59 drones ukrainiens au cours de la nuit dans plusieurs régions russes et en Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014.

Si les combats se poursuivent, le rapprochement entre Washington et Moscou a rebattu les cartes en vue d’une éventuelle fin du conflit.

Samedi, l’émissaire américain Steve Witkoff a fait l’éloge de Vladimir Poutine dans un podcast: «Je ne (le) considère pas comme un mauvais type», a-t-il assuré au sujet du président russe, qui a ordonné à son armée en 2022 d’attaquer l’Ukraine.

Witkoff, qui a rencontré Vladimir Poutine il y a une dizaine de jours à Moscou, a rapporté que le président russe lui avait remis un «magnifique portrait» du président Trump et lui avait raconté être allé prier pour ce dernier lorsqu’il avait échappé à une tentative d’assassinat pendant sa campagne électorale en juillet dernier.

Il a en revanche jugé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, contre qui Donald Trump s’était emporté lors d’une récente rencontre à la Maison Blanche, «dans une situation très, très difficile»: «C’est le meilleur moment pour lui de conclure un accord.»

Européens marginalisés

Vendredi, un responsable ukrainien s’exprimant auprès de l’AFP sous le couvert de l’anonymat avait expliqué que Kiev espérait lors des discussions de lundi, «au moins» un accord sur une trêve partielle avec la Russie portant sur le secteur énergétique, les infrastructures et la mer Noire.

Afin de pousser à une trêve élargie, Kiev a choisi d’envoyer son ministre de la Défense, Roustem Oumerov, selon ce responsable, qui a précisé que l’Ukraine était toujours «prête» à un cessez-le-feu «général».

De son côté, Moscou affirme ne s’être entendu à ce stade avec les États-Unis que sur une pause concernant les infrastructures énergétiques, bien en-deçà de la suspension générale de 30 jours des hostilités poussée par Donald Trump.

Parmi les sujets à aborder, nul doute que les Russes voudront imposer les «nuances» dont a parlé Vladimir Poutine sur la mise en place d’un moratoire et son contrôle, le chef de l’État russe disant craindre que l’Ukraine n’utilise une telle trêve pour recruter des soldats supplémentaires et recevoir de nouvelles armes occidentales.

Chez les Ukrainiens, on explique que ces pourparlers en Arabie saoudite devraient ainsi se concentrer sur les aspects «techniques» d’un arrêt provisoire partiel des combats: «quels sites», «comment contrôler ce cessez-le-feu, quelles armes?»

En attendant, les Européens sont marginalisés dans ces discussions, malgré l’envie affichée notamment par le premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron de faire entendre la voix du Vieux Continent.

Un sommet est prévu jeudi à Paris, en présence de Volodymyr Zelensky et des alliés de Kiev.

Par Le360 (avec AFP)
Le 23/03/2025 à 08h31

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