Après son écrasante victoire aux élections législatives du jeudi 4 juillet, le Parti travailliste s’installe dès ce samedi au pouvoir au Royaume-Uni. Le nouveau Premier ministre Keir Starmer, ancien avocat de 61 ans, spécialisé dans la défense des droits humains, a été officiellement chargé par le roi Charles III de former un nouveau gouvernement, entérinant le tournant politique survenu après que les électeurs ont chassé les conservateurs restés 14 années à la tête du pays.
Le Labour a remporté 412 des 650 sièges de la Chambre des Communes (un résultat manque encore), un score proche de celui historique de Tony Blair en 1997, et dispose désormais d’une très large majorité pour gouverner.
Pendant la campagne, le nouveau locataire du 10, Downing Street a promis le retour de la «stabilité» et du «sérieux», avec une gestion des dépenses publiques très rigoureuse. Il a affiché ses priorités : relancer la croissance, réparer les services publics, réduire l’immigration et rapprocher le Royaume-Uni de l’Union européenne -sans revenir sur le Brexit.
Le travail à mener est «urgent», a assuré Keir Starmer, laissant augurer d’annonces rapides de premières mesures, notamment en matière de logement. Une réunion du cabinet, qui rassemble les principaux ministres, pourrait avoir lieu dès ce samedi.
Nouveau gouvernement
Vendredi, le désormais Premier ministre a commencé à nommer les membres de son gouvernement. Il a choisi pour vice-Première ministre chargée du logement Angela Rayner, dont la personnalité atypique -elle est issue d’un milieu très défavorisé et n’a pas fait d’études- incarne l’aile gauche d’un parti travailliste largement recentré en matière économique.
L’ancienne économiste de la Banque d’Angleterre Rachel Reeves, très appréciée des milieux d’affaires, devient la première femme à occuper le prestigieux poste de ministre des Finances. David Lammy, issu d’une famille immigrée du Guyana, devient le chef de la diplomatie britannique. Dans sa première prise de parole vendredi, il a réitéré le soutien de Londres à l’établissement d’un «cessez-le-feu immédiat» dans la bande de Gaza.
Ce week-end, Keir Starmer doit encore finir de constituer son gouvernement, traditionnellement composé de pléthores de secrétaires d’Etat. Et dès la semaine prochaine, il fera ses premiers pas sur la scène internationale avec le sommet marquant le 75ème anniversaire de l’Otan à Washington.
Mais le triomphe du Labour ne va pas sans aspérités. Sa supermajorité a été obtenue en rassemblant moins de voix qu’au moment de sa défaite de 2019 et, dans un scrutin éclaté, seul un électeur sur trois l’a choisi.
Le Parlement britannique apparaît totalement remanié. Sévèrement battus, les conservateurs ont perdu 251 sièges, ne gardant que 121 députés, et une nouvelle phase délicate commence pour eux. Le désormais ex-Premier ministre Rishi Sunak a annoncé qu’il démissionnerait prochainement de son poste de chef du parti conservateur, le temps que le processus de succession s’organise.
Les libéraux-démocrates (centristes) redeviennent la troisième force, avec 71 sièges, un record, et les indépendantistes écossais du SNP ont reculé de 48 à neuf. Véritable choc politique, la poussée du parti anti-immigration et anti-système Reform UK, dirigé par la figure de la droite dure Nigel Farage. S’il n’entre au Parlement qu’avec cinq députés, ce parti a séduit plus de 14% des électeurs.