D'après les autorités, trois ou quatre embarcations ont coulé à l'embouchure du fleuve Naf, qui marque une frontière naturelle entre la Birmanie et la pointe sud-est du Bangladesh. Le nombre des victimes pourrait donc être supérieur.
Des dizaines de personnes ont péri en tentant de franchir le cours d'eau pour fuir les combats qui opposent des rebelles musulmans rohingyas et l'armée dans le nord-ouest de la Birmanie.
"Pour l'instant, les corps de cinq enfants, filles et garçons, ont été retrouvés en différents endroits", a déclaré Aloysius Sangma, officier des garde-frontières.
Plus de 125.000 réfugiés ont franchi la frontière pour se rendre au Bangladesh.
Les violences ont commencé par l'attaque le 25 août de dizaines de postes de police par les rebelles de l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui dit vouloir défendre la minorité rohingya.
Depuis, l'armée birmane a déclenché une vaste opération dans cette région pauvre et reculée, l'Etat Rakhine, poussant des dizaines de milliers de personnes sur les routes. Bilan selon l'armée birmane: 400 morts dont 370 "terroristes" rohingyas.
De son côté, la dirigeante birmane et Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi a dénoncé mercredi un "iceberg de désinformation" dans la crise des musulmans rohingyas, sortant de son silence pour la première fois sur ce sujet.
"Ce genre de fausse information est seulement la partie émergée d'un énorme iceberg de désinformation", a-t-elle déclaré lors d'un échange téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan publié par son service de presse.
Elle se référait à la publication de photos à l'authenticité douteuse publiées fin août par le vice-Premier ministre turc Mehmet Simsek, qui dénonçait un "nettoyage ethnique".
Il avait retiré les photos, mais l'affaire fait scandale en Birmanie, où la majorité bouddhiste, dont fait partie Aung San Suu Kyi, accuse la communauté internationale, notamment les médias étrangers, d'avoir un parti pris pro-rohingya.
En 11 jours, près de 125.000 personnes, pour la plupart des musulmans rohingyas, ont fui les violences en Birmanie pour se réfugier au Bangladesh voisin, selon les derniers chiffres de l'ONU. Les combats entre rebelles musulmans et forces birmanes ont fait depuis le 25 août au moins 400 morts, quasiment tous des musulmans.
Malgré la mise en exergue de cette affaire des photos publiées par ce ministre turc, Aung San Suu Kyi a cherché à répondre "aux inquiétudes" d'Erdogan: "Nous savons bien mieux que d'autres ce que c'est que d'être privés de droits et de protection démocratiques", dans une allusion à ses années de lutte contre la junte militaire et d'assignation à résidence.
"Nous ferons en sorte que tous les habitants de notre pays voient leurs droits protégés", s'est-elle engagée, dans un premier commentaire très attendu de celle qui avait gardé le silence depuis les premières attaques fin août.