"Paradise Papers": après Apple, Nike et Lewis Hamilton, Bono à son tour visé

Bono, le chanteur du groupe de rock U2. 

Bono, le chanteur du groupe de rock U2.  . AFP

Après Apple, Nike ou le coureur automobile de Formule Un Lewis Hamilton, au tour de Bono, le chanteur du groupe de rock U2, d'être visé par les "Paradise Papers" sur les pratiques d'optimisation fiscale à l'échelle mondiale.

Le 07/11/2017 à 08h26

"Totalement écœuré si, même en tant qu'investisseur minoritaire et passif, (...) (son) nom a pu être mêlé à quelque chose d'un tant soit peu illégal", le rocker irlandais a cependant salué ces révélations du Consortium international des journalistes d'investigation. Selon l'ICIJ, Bono est actionnaire d'une entreprise maltaise qui aurait investi dans un centre commercial lituanien. Le tout via une holding lituanienne qui aurait recouru à des techniques d'optimisation fiscale illégales.

Apple de son côté aurait utilisé le paradis fiscal britannique de Jersey pour continuer à ne pas payer d'impôts, ou très peu, après avoir dû mettre fin à des pratiques similaires en Irlande. Selon le New York Times, le groupe aurait ainsi "accumulé plus de 128 milliards de dollars de profits offshore (...) qui ne sont pas imposés aux États-Unis et à peine dans d'autres pays". Apple s'est défendu en affirmant notamment que ses montages fiscaux étaient motivés par la volonté de payer l'essentiel de ses impôts aux États-Unis.

Le fabricant d'articles de sports Nike a lui créé des sociétés offshore aux Bermudes et c'est à celles-ci que les filiales de Nike devaient verser des centaines de millions d'euros pour utiliser les droits sur la marque. Avec les sommes importantes payées pour les licences, les bénéfices du groupe dans le monde ont été diminués, et donc le montant des impôts payés par Nike.

Quant à Lewis Hamilton, le quadruple champion du monde de F1, il a utilisé une société-écran sur l'île de Man pour économiser la TVA lors de l'achat d'un nouveau jet privé de plus de 4 millions d'euros.

Dix-huit mois après les "Panama Papers" portant sur la fraude fiscale, l'ICIJ, qui regroupe 96 médias de 67 pays, a commencé dimanche à dévoiler sa nouvelle enquête, après un an de travail basé sur la fuite de 13,5 millions de documents financiers, provenant notamment du cabinet international d'avocats Appleby, basé aux Bermudes.

L'Union européenne a jugé ces révélations choquantes et a réclamé des "sanctions dissuasives".

Ces "papiers" mettent également en cause les services de la Reine d'Angleterre, le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross et des ministres brésiliens et russes.

Mais plusieurs des personnalités visées ont mis en avant la légalité de leurs investissements.

Wilbur Ross a ainsi affirmé qu'il n'y avait "absolument rien de répréhensible" au fait qu'il détienne 31% des parts de Navigator Holdings, une société de transport maritime dont l'un des principaux clients est l'entreprise russe de gaz et produits pétrochimiques Sibur.

Or, parmi les propriétaires de Sibur figurent Guennadi Timtchenko, un proche du président russe, sanctionné par le Trésor américain après l'annexion de la Crimée, ainsi qu'un gendre de Vladimir Poutine, selon le New York Times.

L'ICIJ a également mis au jour des stratégies d'optimisation fiscale d'autres dirigeants politiques de premier rang.

La reine d'Angleterre, Elizabeth II, dispose ainsi, via le Duché de Lancaster, domaine privé de la souveraine et source de ses revenus, d'une dizaine de millions de livres sterling d'avoirs dans des fonds aux îles Caïmans et aux Bermudes, selon la BBC et The Guardian.

Les fonds placés dans ces paradis fiscaux sont investis dans de nombreuses sociétés, dont Brighthouse, une société de location avec option d'achat de meubles et de matériel informatique accusée de profiter de la misère, via des taux d'intérêt pouvant atteindre les 99%. "Tous nos investissements sont légitimes", a affirmé à l'AFP une porte-parole du Duché de Lancaster. Et les investissements "avec des fonds à l'étranger" ne représentent que 0,3% de la valeur totale du Duché, selon elle.

Au Brésil, les ministres de l'Économie et de l'Agriculture, Henrique Meirelles et Blairo Maggi, ont à leur tour nié toute irrégularité après que leurs noms ont été liés à des sociétés offshore dans des paradis fiscaux.

Au Canada, le milliardaire Stephen Bronfman, à la tête de l'ex-société de vins et spiritueux Seagram, a placé avec son parrain Leo Kolber 60 millions de dollars américains (52 millions d'euros) dans une société offshore aux îles Caïmans. Cet ami de Justin Trudeau, responsable de la collecte de fonds lors de la campagne électorale de 2015 pour le compte du parti libéral canadien, pourrait devenir encombrant pour le Premier ministre, élu sur des promesses de réduction des inégalités et de justice fiscale.

Des hommes politiques russes ont également minimisé des fuites distinctes des Paradise Papers visant deux sociétés publiques, la VTB, deuxième plus grande banque russe, sous le coup de sanctions américaines, qui aurait investi dans Twitter, et Gazprom, le géant gazier russe, qui aurait financé indirectement un instrument de placement possédant des parts de Facebook.

Ces fuites cherchent à "favoriser les émotions avec des formulations confuses", a accusé un responsable du Sénat russe, Constantin Kosachev.

Le 07/11/2017 à 08h26