Mauritanie: l’Etat n’envisage pas de baisser les prix à la pompe

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Les mauritaniens appellent à la baisse des prix à la pompe dans le sillage de la chute des cours du baril de pétrole. L’Etat à qui revient une grosse partie du prix du litre souhaite profiter de cette manne au détriment des consommateurs.

Le 20/01/2016 à 21h00

La chute des cours du pétrole laisse de marbre les autorités mauritaniennes soucieuses de la hausse des recettes tirées du pétrole que de l’amélioration du niveau de vie des populations.

Alors que l’Etat, dans le cadre de la loi de finances 2016, a procédé à l’augmentation des taxes de plusieurs produits (riz, viandes blanches, tabacs, cigarettes, cartes téléphoniques, etc.), avec à la clé une hausse du coût de la vie, il fait la sourde oreille à toute baisse des carburants alors que les cours mondiaux du pétrole ont chuté à moins de 30 dollars actuellement.

Face à cette situation, les réseaux sociaux et la presse mauritanienne montent au créneau en dénonçant l’absence d’une répercussion de cette baisse des prix des carburants à la pompe. Depuis 2 ans, après une série d’augmentations, le prix du litre du gasoil est fixé à 385 ouguiyas (1 dollar étant égal à environ 340 ouguiyas) et celui de l’essence à 402 ouguiyas. 

En attendant, les organes de presse maintiennent la pression. «Hydrocarbures : pas de baisse en vue» annonce mercredi «El Hourriya». Cet organe relève «une revendication des mauritaniens qui prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux depuis que le Sénégal voisin a décidé le 17 janvier courant de baisser les prix à la pompe».

Pour sa part, «Le Calame» se fait plus incisif en démontant le mécanisme «d’une véritable arnaque».

Ce journal note «qu’au moment où le prix du baril dégringole sur le marché international, le gouvernement s’entête à ne pas accorder la moindre ristourne au consommateur».

Restons dans la logique populaire qui veut toujours nous comparer à nos voisins : Sénégal et Mali particulièrement. Après la baisse opérée au Sénégal le 17 janvier, on rappelle que le Mali, pays pourtant enclavé, le litre de gasoil coûte l’équivalent de 338 ouguiyas et l’Etat malien a procédé à plus de 3 baisses en un an.

A qui profite le maintien du prix du litre ? A l’Etat. Sur les 384 ouguiyas que paye le citoyen à la pompe, il prélève 242 ouguiyas. Le reste étant réparti entre fournisseurs, sociétés pétrolières, frais de transit et de dépôt, marge des distributeurs et impôts (IMF, TVA, BIC, …).

Avec la nouvelle structuration des prix, qui sortira ce jeudi, la marge revenant à l’Etat passera à 255 ouguiyas. Au lieu de répercuter la baisse du prix du baril de pétrole au profit du consommateur, l’Etat a engrangé plus de 140 milliards d’ouguiyas, soit environ 41 millions de dollars, sous forme de recettes en 2015, contre seulement 30 milliards d’ouguiyas en 2013/2014.

Par Cheikh Sidya
Le 20/01/2016 à 21h00