La ville de Derna, dans l’est libyen, compte mercredi ses morts par milliers, et craint un bilan très lourd, après que deux barrages ont cédé sous la pression de pluies diluviennes, libérant de puissants flots qui ont tout emporté sur leur passage.
Compte-tenu de l’accès difficile à cette ville de 100.000 habitants, les incertitudes demeurent sur le nombre de victimes de la catastrophe, qui pourrait être de plusieurs milliers de morts.
Des routes coupées, des éboulements de terrains et des inondations ont empêché les secours d’atteindre la population qui a dû se débrouiller par des moyens rudimentaires pour récupérer des corps enterrés par dizaines dans des fosses communes, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux. Derna et d’autres villes sont quasiment coupées du reste du monde malgré les efforts des autorités pour rétablir les réseaux de téléphonie mobile et Internet.
Oussama Ali, porte-parole du «Service de secours et d’urgence» libyen relevant du gouvernement internationalement reconnu de Tripoli, a affirmé que les inondations avaient fait «plus de 2.300 morts» et environ 7.000 blessés à Derna, alors que plus de 5.000 personnes sont portées disparues.
Depuis le grand tremblement de terre qui a secoué la ville d’al-Marj (est) en 1963, c’est la pire catastrophe naturelle que connaît la Cyrénaïque, province orientale de la Libye.
Dimanche après-midi, la tempête Daniel a atteint la côte orientale de la Libye, et dans la nuit de dimanche à lundi, les deux barrages sur Wadi Derna, qui retiennent les eaux de l’oued qui traverse la ville de Derna, ont lâché. Des torrents puissants ont atteint la ville, débordant sur les rives, emportant les ponts et des quartiers entiers avec leurs habitants vers la Méditerranée.
L’aide internationale arrive
Dans le pays comme à l’étranger, la mobilisation est forte pour aider les victimes, même si les secours arrivent encore au compte-goutte. Des convois d’aide en provenance de la Tripolitaine, dans l’Ouest, sont en route vers Derna. Le gouvernement de Tripoli, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, a annoncé l’envoi de deux avions-ambulance et d’un hélicoptère, de 87 médecins, d’une équipe de secouristes et de recherche cynophile, ainsi que de techniciens de la Compagnie nationale d’électricité pour tenter de rétablir rapidement le courant.
Des équipes de secouristes envoyées par la Turquie et les Emirats arabes unis sont également arrivées dans l’est de la Libye, selon les autorités. L’Egypte a indiqué de son côté avoir envoyé trois avions d’aide ainsi que des équipes de recherche et de sauvetage.
Le Qatar a affirmé qu’un premier avion devait arriver mardi soir à Benghazi avec à son bord un hôpital de campagne ainsi que de l’aide médicale et alimentaire, tandis que les États-unis ont décidé d’envoyer des «fonds d’urgence aux organisations de secours» et prévoient une coordination avec les autorités libyennes et l’ONU pour fournir un soutien supplémentaire.