Abdelmadjid Tebboune va mal. Très mal. Son état de santé se détériore de jour en jour. On pouvait s’en douter. Voilà près de trois semaines qui se sont écoulées depuis la première annonce, celle que le président algérien s’est mis à l'isolement volontaire, suite à sa contamination par le coronavirus. Les complications qu’il a connues l’ont conduit à l’hôpital militaire de Ain Naadja, puis dans des centres spécialisés en Allemagne, d'abord à Cologne, ensuite à Berlin, où il a été transféré. Ce long délai de traitement indique que le président algérien supporte mal le Covid-19, et confirme de plus en plus la thèse d’un AVC, qui lui aurait causé des séquelles indélébiles. D’ailleurs, les nouvelles ne portent pas à l’espoir. Le360 a ainsi appris de ses sources que l’état de santé de Abdelmadjid Tebboune s’est détérioré de façon inquiétante ces toutes dernières 24 heures.
Les trois semaines de vacance du pouvoir en Algérie ont démontré une fébrilité inédite de l’administration algérienne. Elu en décembre dernier (avec moins de 40% des votes), le président n’a pas eu le temps d’installer son réseau pour s’appuyer sur des relais de pouvoir. «Du temps où Bouteflika était devenu l’ombre de lui-même, il y avait au moins son frère Saïd qui faisait office de super-conseiller et qui pouvait même prendre des décisions politiques, souvent en concertation avec le patron de l’armée», nous explique ce connaisseur du régime algérien. Et d’ajouter: «aujourd’hui, on se retrouve dans une situation qui peut s’apparenter à un remake du dernier mandat de Bouteflika à une seule différence déterminante, c’est que l’Algérie roule sans des hommes forts au pouvoir pour tenir les institutions».
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En effet, après la démission forcée de Bouteflika, tous les anciens caciques du régime ont été jetés en pâture: deux anciens Premiers ministres sont actuellement en prison, Abdelmalek Sellal et le très expérimenté Ahmed Ouyahia. D’autre part, le décès brutal du chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, a laissé orpheline l’armée nationale populaire. L’actuel homme fort de l’armée algérienne, Saïd Chengriha, a été d’ailleurs nommé par intérim seulement, à ce poste, étant donné qu’il était moins galonné que le général d’armée Benali Benali, en charge de la garde républicaine. «La tradition dans l’armée algérienne veut que ce soit le chef de l’armée de terre qui prenne en charge l’état-major des armées. Saïd Chengriha n’était pas préparé pour ce poste», nous indique notre source.
La junte militaire habituée à tenir les ficelles du régime se retrouve elle-même dépourvue de relais civils crédibles, capables de faire écran face à une population où la grogne est grandissante. L'actuel Premier ministre, Abdelaziz Djerrad est complètement effacé, comme le démontre son mutisme face à la crise politique et économique sans précédent que traverse son pays. Quant à Salah Goudjil, le président du Conseil de la Nation, il ne faut pas compter sur lui, du haut de ses 89 ans, pour redonner un nouveau souffle à l’Algérie. Il s’agit pourtant de l’homme qui devrait assurer l’intérim au palais El Mouradia, qui prend de plus en plus l’allure d’une clinique, au cas où l’hospitalisation du président Tebboune vient à se prolonger. Avec, donc, un régime décapité par l’absence de son président et des hommes capables de combler la vacance de pouvoir, l’Algérie est livrée à elle-même.