L’Algérie condamnée à une nouvelle vacance de pouvoir?

Des milliers de personnes dans la rue à Alger le samedi 23 février 2020, jour anniversaire du déclenchement du "Hirak". 

Des milliers de personnes dans la rue à Alger le samedi 23 février 2020, jour anniversaire du déclenchement du Hirak.  . DR

Abdelmadjid Tebboune risque de se retrouver dans la même situation désastreuse que celle de son prédécesseur: survivre à une longue maladie harassante, mais avec des troubles neurologiques qui laisseront des séquelles indélébiles. Remake d’un scénario catastrophe!

Le 31/10/2020 à 13h02

C’est le retour du fantôme d’El Mouradia! Au palais présidentiel algérien, on redoute de revivre un remake de l’ère Bouteflika: un nouveau président extrêmement diminué, ne disposant plus de toutes ses facultés mentales, aux manettes d’un pays au bord de l’explosion sociale et de la faillite économique. Car le successeur d’Abdelaziz Bouteflika risque de se retrouver lui aussi dans un état végétatif. Le coronavirus– qui officiellement n’affecte qu’une centaine de personnes quotidiennement en Algérie– a eu raison de lui…

«Contrairement à ce que la Présidence algérienne a affirmé dans son dernier communiqué, les premières indications sur l’état de santé du Président Abdelmadjid Tebboune sont alarmantes et l’homme risque malheureusement de ne pas pouvoir reprendre ses fonctions avec l’ensemble de ses facultés physiques et mentales», peut-on lire dans un article paru sur le site Algérie Part. Ce n’est pas uniquement les insuffisances respiratoires qui ont fragilisé dangereusement l’état de santé d’Abdelmadjid Tebboune, il a subi des complications au niveau du cerveau à cause des symptômes du Covid-19. Les médecins de l’hôpital militaire d’Ain Naadja ont diagnostiqué, mardi 27 octobre dernier, les symptômes d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Pris de panique, ils ont réclamé en urgence un transfert vers l’étranger pour une meilleure prise en charge, car le Covid-19 ne cessait de provoquer des complications incontrôlables. Surtout que le président algérien, gros fumeur malgré ses 75 ans, a le profil type d’une personne à risque.

Les conditions mêmes de l’évacuation sanitaire donnaient une indication sur l’état de santé alarmant du président. Le staff médical n’a pas eu recours à la flotte d’avions médicalisés du Groupe de liaisons aériennes ministérielles (qui avaient notamment assuré les hospitalisations à répétition de l’ex-président Bouteflika), car jugés insuffisamment équipés. Un jet de la société française Airlec Air Espace, avec ses équipements médicaux à la pointe, a été dépêché depuis Bordeaux. Il a atterri le 28 octobre aux alentours de 16 heures (heure algérienne) à l’aéroport militaire de Boufarik, près d’Alger, pour en redécoller quelques minutes plus tard. L’appareil s’est posé à l’aéroport Konrad-Adenauer à Cologne à 21h (heure locale) pour acheminer Abdelmadjid Tebboune vers un hôpital allemand spécialisé, afin de le prendre convenablement en charge dans l’espoir de pouvoir le guérir des séquelles du Covid-19.

Le président algérien reçoit désormais des soins intensifs afin de limiter les conséquences de l’infection sur son cerveau. Car des études scientifiques ont montré que les patients du Covid-19 présentaient un risque plus élevé d’invalidité grave après un AVC. Abdelmadjid Tebboune risque ainsi de se retrouver dans la même situation désastreuse que celle d’Abdelaziz Bouteflika, à savoir, composer avec une longue maladie harassante, mais avec des troubles neurologiques qui laisseront des séquelles indélébiles. Ce scénario catastrophe n’est d’ailleurs pas écarté par le staff médical algérien accompagnant le président.

Le régime algérien se retrouve de nouveau suspendu à des diagnostics médicaux. Et ça tombe mal. Très mal même. Dimanche 1er novembre se tient le référendum constitutionnel, une des pièces maîtresses de la stratégie mise en œuvre par Abdelmadjid Tebboune, pour tenter de sortir définitivement du Hirak. Un moment politiquement délicat sachant que ce mouvement de contestation populaire, ayant mis fin au règne de Bouteflika, est attisé par une crise économique sans précédent.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 31/10/2020 à 13h02