Le projet d'embargo européen fait grimper le pétrole dans un marché tendu

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, fait une déclaration à Bruxelles le 27 avril 2022, à la suite de la décision du géant russe de l'énergie Gazprom d'arrêter les expéditions de gaz vers la Pologne et la Bulgarie.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, fait une déclaration à Bruxelles le 27 avril 2022, à la suite de la décision du géant russe de l'énergie Gazprom d'arrêter les expéditions de gaz vers la Pologne et la Bulgarie. . AFP

Le pétrole a poursuivi sa hausse vendredi, toujours porté par le projet d'embargo européen sur l'or noir russe, même si la Hongrie traîne les pieds.

Le 07/05/2022 à 08h50

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a avancé de 1,34% à 112,39 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juin a gagné quant à lui 1,39% à 109,77 dollars.

Lors de la présentation mercredi d'un sixième train de sanctions contre la Russie, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a proposé une interdiction progressive des importations de pétrole.

Une proposition à laquelle la Hongrie s'est opposée, jugeant qu'une telle mesure "détruirait complètement la sécurité énergétique" du pays.

"L'Union européenne, avec ses règles d'unanimité, n'obtiendra jamais une application totale de l'embargo" par tous ses membres, "mais ce qu'elle fera va quand même représenter une forte réduction et laisser des traces" pour la Russie, a commenté Bill O'Grady, de Confluence Investment.

"Si aucun accord n'est trouvé ce week-end, je devrai convoquer une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE la semaine prochaine, après la journée de l'Europe", a averti le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Mais pour Bill O'Grady, l'Union européenne va "parvenir à conclure quelque chose ce week-end". "Ils accorderont un laissez-passer à la Hongrie, ce qui n'est pas idéal, mais si l'Allemagne, la France et d'autres grands pays coupent complètement les importations de pétrole russe, cela va constituer un énorme problème pour l'industrie russe et sans doute conduire à des pertes de production permanentes", prévient l'analyste de Confluence Investments.

Ces attentes interviennent dans un marché qui s'est retendu cette semaine, notamment au niveau des produits raffinés, alors que les raffineries américaines n'ont pas tourné à plein régime la semaine d'avant, souligne encore l'analyste.

"Dans le même temps, les signes d'un affaiblissement de l'économie mondiale se sont multipliés", pouvant ainsi affecter la demande, fait valoir Stephen Brennock, chez PVM Energy.

En Chine, le pays affronte ces dernières semaines sa pire flambée épidémique.

Pékin a fermé mercredi des dizaines de stations de métro et ses habitants redoutent désormais un confinement, comme à Shanghai, la plus grande ville de Chine avec 25 millions d'habitants où la plupart des cas sont enregistrés.

La poursuite de la stratégie zéro Covid en Chine "pourrait limiter la hausse du pétrole si les confinements persistent et affaiblissent la demande dans la deuxième économie mondiale", affirme Han Tan, analyste chez Exinity.

"Néanmoins, le pétrole ne devrait pas avoir de mal à rester au-dessus de la barre symbolique des 100 dollars le baril, tant que les craintes liées à la demande sont éclipsées par celles liées au déficit de l'offre", argue-t-il.

Le 07/05/2022 à 08h50