Le Gabon rentre dans une difficile année électorale

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Le Gabon comme beaucoup de pays africains rentre en 2016 dans une difficile année électorale au cours de laquelle un scrutin présidentiel et des élections législatives sont prévus entre août et décembre.

Le 04/01/2016 à 18h56

L’élection présidentielle anticipée d’août 2009 organisée pour trouver un successeur à Omar Bongo Ondimba décédé au pouvoir le 8 juin de la même année après avoir dirigé le Gabon durant 41 ans, a laissé de graves stigmates dans la mémoire collective gabonaise.

La proclamation des résultats du scrutin remporté par Ali Bongo Ondimba, fils du président défunt, avait provoqué une grave contestation à Libreville et surtout à Port-Gentil, cité pétrolière et capitale économique réputée être une ville frondeuse.

Le bilan officiel de ces violences post électorales est resté polémique. Le pouvoir n’a reconnu qu’un seul décès à Port-Gentil alors que l’opposition a dénoncé plusieurs dizaine de morts dans cette ville.

La peur

Les lendemains de scrutin ne rassurent plus. Le traumatisme de 2009 hante encore de nombreuses familles dont certaines rêvent de déménager de Libreville à la veille ou après le vote pour la présidentielle de 2016. Plusieurs personnes ont d’ailleurs préféré aller se faire enregistrer sur les listes électorales dans leur village question d’être loin des centres urbains qui s’embrasent dès la moindre étincèle.

«Je vous invite tous à vous inscrire sur les listes électorales et, le moment venu, à accomplir votre devoir civique en toute quiétude et responsabilité ; en rejetant ce qui peut remettre en cause la paix et la sécurité de tous. J’y veillerai personnellement», a rassuré le président gabonais dans son message à la nation à l’occasion de la nouvelle année. Il est normal que les débats politiques soient libres et ouverts ; il est normal, voire souhaitable, que nous ne partagions pas les mêmes idées ; mais il m’apparait difficilement normal que les acteurs politiques cèdent aux discours de haine et de division qui pourraient mettre à mal notre vivre-ensemble. Cela est irresponsable», a-t-il prévenu.

«Je m’emploierai toujours à préserver la fraternité, la paix et l’unité nationale, chères aux pères fondateurs de la Nation », a-t-il conclu d’un ton ferme.

Difficultés financières

Les candidats au scrutin présidentiel ne sont pas encore connus mais il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’Ali Bongo Ondimba tentera de briguer un second septennat. La constitution révisée en 2003 le lui permet. La révision avait d’ailleurs fait sauter la limitation des mandats ainsi que le deuxième tour de toutes les élections politiques au Gabon.

Du côté de l’opposition, c’est l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, également ancien baron du régime sous Omar Bongo Ondimba qui ne cache pas son ambition de déboulonner le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1968) et envoyer Ali Bongo Ondimba à la retraite sinon dans l’opposition.

Au-delà des projets de société, l’opposition aura un argument de taille à faire valoir. «Tout sauf un Bongo» est un slogan qui rassemble tous les gabonais déçus de près d’un demi siècle au pouvoir de la famille Bongo (1967-2016). A cela s’ajoute les difficultés financières dues à la chute vertigineuse du prix du baril de pétrole. «Le Gabon subit, à l’instar de nombreux autres pays pétroliers, les contrecoups de la chute brutale du prix du baril du pétrole, qui est passé de 117 dollars à moins de 37 dollars aujourd’hui, soit une baisse de 70% de sa valeur», a rappelé Ali Bongo Ondimba dans son message de vœux 2016.

Toutes les mesures prises pour juguler cette crise économique à l’origine de l’abandon de certains chantiers clefs seront les points positifs de l’éventuelle campagne électorale d’Ali Bongo qui a un bilan assez positif à défendre sur le plan des infrastructures et de la stabilité du pays.

L’élection présidentielle terminée, le Gabon s’attaquera aux élections législatives prévues avant fin décembre 2016. La bataille pourrait aussi être rude car l’opposition qui avait boycotté le scrutin de décembre 2011 pour insuffisance de transparence pourrait reconquérir des sièges aujourd’hui monopolisés par le parti au pouvoir et ses alliés.

Par Albert Poba
Le 04/01/2016 à 18h56