Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, figure de l’extrême droite israélienne, réagissait aux annonces de plusieurs pays qui, face à la poursuite de l’offensive israélienne et au désastre humanitaire à Gaza, ravagée par plus de 22 mois de guerre, envisagent de reconnaître un État de Palestine à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre. Parmi eux figurent la France, le Royaume-Uni et le Canada.
L’ONU et l’Union européenne ont exhorté Israël à renoncer au projet de construction baptisé E1, qui, selon ses détracteurs, couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d’un éventuel État palestinien doté d’une continuité territoriale.
«Ceux qui veulent aujourd’hui reconnaître un État palestinien recevront une réponse de notre part sur le terrain (…) par des faits concrets: des maisons, des quartiers, des routes et des familles juives qui construisent leur vie», a déclaré M. Smotrich.
«En ce jour important, j’appelle le Premier ministre Benjamin Netanyahu à appliquer la souveraineté israélienne en Judée-Samarie, à abandonner définitivement l’idée d’une partition du pays et à faire en sorte que, d’ici septembre, les dirigeants hypocrites européens n’aient plus rien à reconnaître», a-t-il ajouté.
Smotrich faisait référence au nom biblique de la Cisjordanie utilisé par Israël, qui occupe ce territoire depuis 1967. Quelque trois millions de Palestiniens y vivent, aux côtés d’environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies, illégales au regard du droit international.
«Si vous reconnaissez un État palestinien en septembre, notre réponse sera l’application de la souveraineté israélienne sur toutes les parties de Judée-Samarie», a-t-il menacé. Le ministre s’exprimait lors d’un événement organisé dans la colonie de Maalé Adoumim, visant à faire le point sur l’avancée du projet E1.
L’Autorité palestinienne, basée à Ramallah, a «fermement condamné» ce projet et «appelé à une intervention internationale et à des sanctions pour arrêter sa mise en œuvre». «La construction dans la zone E1 est une continuation des plans d’occupation visant à anéantir toute possibilité d’établir l’État palestinien», a-t-elle affirmé.
Condamnations
L’ONG israélienne anti-colonisation La Paix maintenant a dénoncé un «plan fatal pour l’avenir d’Israël et pour toute chance d’une solution à deux États» au conflit israélo-palestinien.
Selon elle, un accord final sur le plan sera examiné mercredi prochain par un comité technique dépendant du ministère de la Défense et, après toutes les étapes bureaucratiques, «il pourrait être mis en œuvre d’ici quelques mois, avec un début des constructions dans environ un an». L’ONG affirme que ce comité a déjà rejeté toutes les objections légales au projet.
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Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti que ce projet, «s’il se concrétisait», «mettrait fin aux perspectives d’une solution à deux États et couperait le nord du sud de la Cisjordanie».
«La décision des autorités israéliennes de faire avancer le plan de colonisation E1 sape davantage la solution à deux États tout en constituant une violation du droit international», a déclaré la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas.
À Berlin, soutien historique d’Israël, le ministère des Affaires étrangères a affirmé s’opposer «fermement» à la poursuite par Israël de ce projet. «La construction de colonies viole» les résolutions «du Conseil de sécurité des Nations unies» et «complique une solution négociée à deux États», a indiqué la diplomatie allemande.
La diplomatie saoudienne, à l’initiative avec la France d’une conférence internationale à l’ONU sur la solution à deux États, a pour sa part «condamné» le projet «dans les termes les plus forts», dans un communiqué publié sur X.
La reconnaissance d’un État palestinien par plusieurs pays en septembre restera largement symbolique, Israël refusant la création d’un tel État auquel aspirent les Palestiniens. Ces derniers veulent l’établir sur les territoires de Cisjordanie et de Gaza, avec pour capitale Jérusalem-Est, annexée par Israël.
La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.












