Près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023, l’armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses opérations militaires dans la plus grande ville de la bande de Gaza.
Affirmant contrôler 40% de cette cité du nord du territoire assiégé, elle dit vouloir en prendre le contrôle total pour venir à bout du Hamas et libérer les otages capturés le 7 octobre.
La Défense civile de Gaza a annoncé samedi la mort de 56 personnes dans le territoire palestinien, dont quatre dans le quartier de Cheikh Radwane à Gaza-ville et 19 près d’un centre de distribution d’aide dans le nord. Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne a indiqué ne pas être en mesure de commenter ces informations dans l’immédiat.
Dans un communiqué, elle a appelé dans la matinée les habitants de Gaza-ville à évacuer «sans tarder» vers la «zone humanitaire» d’al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza, afin de «rejoindre les milliers de personnes qui s’y sont déjà rendues».
«Sauver nos soldats»
Des avions israéliens ont également largué des milliers de tracts au-dessus de quartiers de l’ouest de Gaza-ville, annonçant un bombardement imminent sur un immeuble et exhortant les habitants à fuir.
L’armée a ensuite frappé la tour Soussi, au lendemain de la destruction d’un autre bâtiment similaire. Vendredi, elle avait prévenu qu’elle ciblerait les «infrastructures terroristes» dans la ville, en particulier les tours d’habitation. Elle accuse le Hamas — qui dénonce des «mensonges» — d’utiliser ces bâtiments.
«Où pouvons-nous aller?», lance Nafiz, 44 ans, installé avec sa famille dans une tente du quartier de Rimal. «Nous allons attendre, et lorsque nous verrons les chars israéliens approcher, nous partirons.»
Ibrahim Al-Joumla, 39 ans, raconte avoir fui d’un quartier à l’autre à cause des bombardements, sans savoir où aller: «Nous sommes à pied. Même si nous décidions de partir, nous n’avons pas d’argent.»
Selon l’ONU, la quasi-totalité des plus de deux millions d’habitants de Gaza ont été déplacés au moins une fois depuis le début du conflit, qui dure depuis plus de 700 jours. L’organisation estime à environ un million la population de Gaza-ville et de ses environs, et met en garde contre un «désastre». Amnesty International parle déjà de conséquences «irréversibles».
En Israël, des familles d’otages redoutent qu’une offensive majeure sur Gaza-ville ne mette en danger la vie de leurs proches. Comme chaque samedi soir, des milliers d’Israéliens ont manifesté à Tel-Aviv et à Jérusalem, brandissant des photos des captifs. «La guerre doit s’arrêter pour libérer les otages et sauver nos soldats», proclamait une pancarte.
Selon l’armée israélienne, 47 otages restent détenus à Gaza, dont 27 présumés morts, sur un total de 251 personnes enlevées le 7 octobre.
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Le président américain Donald Trump, allié d’Israël, a affirmé vendredi qu’une «négociation approfondie» était en cours avec le Hamas au sujet des otages. Le nouveau chef du commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, le général Brad Cooper, a effectué samedi une visite en Israël.
«Pas de place, pas d’eau»
Dans son appel à évacuer Gaza-ville, l’armée israélienne a assuré que la «zone humanitaire» d’al-Mawasi disposait d’«infrastructures humanitaires essentielles» et était approvisionnée en nourriture et en médicaments.
Mais de nombreux déplacés dénoncent des conditions intenables. Bassam al-Astal, 52 ans, installé à al-Mawasi avec sa famille, affirme qu’il n’y a «pas de place pour les tentes, pas de services humanitaires, pas d’eau, pas d’assainissement, pas d’aide alimentaire».
Depuis le début du conflit, la bande de Gaza est plongée dans une grave crise humanitaire. Selon l’ONU, près de 20% du territoire est déjà en situation de famine. L’armée israélienne a par ailleurs bombardé à plusieurs reprises des zones qu’elle avait elle-même désignées comme «humanitaires», affirmant y viser des combattants du Hamas.
L’attaque du 7 octobre a coûté la vie à 1 219 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.368 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé local, contrôlé par le Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU.
En raison des restrictions imposées aux médias et des difficultés d’accès, l’AFP précise ne pas être en mesure de vérifier les bilans communiqués par la Défense civile palestinienne.












